LE TRAVAILLEUR CATALAN

Gaëtan Nocq en résidence au Mémorial.

Mémorial

Après les dessins et peintures de Josep Bartoli, le mémorial de Rivesaltes présente le travail de Gaétan Nocq sur le Rapport W et sur le mémorial lui-même.

Récits des camps, la nouvelle exposition proposée par le Mémorial de Rivesaltes, est signée Gaétan Nocq. « Elle met en perspective les récits et représentations des camps d’Auschwitz et de Rivesaltes par l ‘artiste » indique le dossier de presse. Pour Céline Sala-Pons, la nouvelle directrice, il s’agit de poursuivre dans la volonté « d’identifier ce lieu comme lieu de référence sur la question mémorielle. »

Dessinateur, peintre, carnettiste, auteur de romans graphiques, Gaétan Nocq a découvert le camp de Rivesaltes lors d’un travail sur l’Algérie, de cette rencontre est né le projet d’exposition. Une exposition à double dimension, les planches originales du Rapport W dont il a fait un roman graphique et les carnets réalisés lors de sa résidence au mémorial cet été 2022. Conçue et produite par les équipes du mémorial, cette exposition coïncide avec le 80e anniversaire du départ du dernier convoi de déportation des Juifs de Rivesaltes à Auschwitz le 20 octobre 42.

La figure de Witold Pilecki

Le rapport W est le récit fait par Witold Pilecki de son enfermement volontaire au camp d’Auschwitz durant 947 jours entre 40 et 43. Capitaine de cavalerie et membre de l’Armée secrète polonaise, chef de la résistance, Pilecki décrit la vie quotidienne du camp, ses démarches pour y constituer un important réseau d’espionnage, son évasion. Il termine la rédaction de son rapport en 1945. Il sera fusillé pour espionnage en 1948 !

Plongée au cœur du système concentrationnaire, ce rapport est formidablement informatif. La mise en image opérée par Gaétan Nocq dans son livre est saisissante,la première partie de l’exposition en reproduit 80 planches. L’accrochage reprend la progression par couleurs qui reflètent des paysages mentaux. Le bleu, d’abord, incroyablement doux qui, pourtant, montre l’horreur, ce bleu, « comme un mauvais rêve  » avoue Gaétan Nocq. Entre les images du camp, prisonniers, chiens, apparaît un champ, des arbres, des vaches, la vie de l’extérieur. Salle suivante, un panneau dans les tons orangés, debout, côte à côte, ce sont les prisonniers soviétiques premiers arrivés à Auschwitz.

Plus loin des dessins couleur prune, des baraquements géométriques plantés dans la neige. D’autres dessins illustrent certains éléments du rapport, l’arbre de Noël au camp, une boîte à lettres pour les délations, que Pilecki et ses camarades avaient détournée…le trajet de l’évasion. Le regard est happé par la beauté de ces images limpides, épurées, qui en disent autant sur ce que l’on voit que sur ce qu’on ne voit pas. Remarquable travail mémoriel de Gaétan Nocq à qui l’on doit de connaître Pilecki, une personnalité hors du commun.

Le camp de Rivesaltes selon Nocq

Deuxième temps de l’exposition, le fruit de la résidence de Gaétan Nocq au mémorial l’été dernier. Il s’est fixé sur l’îlot F pour en tirer des peintures aux tons pastels, quasi bucoliques, toujours le dualisme intérieur-extérieur. Il s’est aussi inspiré des photos prises par Paul Senn en 1942. Des panneaux présentent le peuple du camp, silhouettes engoncées pour se protéger du froid, regards d’enfants, chaussures, et des listes de noms. Gaétan Nocq livre là son ressenti du camp, de son histoire et rend à celles et ceux qui y sont passés un émouvant hommage.

À voir absolument, jusqu’au 29 janvier 2023.

Nicole Gaspon

 
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