Éducation
Le ministre de l’Éducation nationale a annoncé ses mesures de transformation de l’école dans une lettre intitulée « le choc des savoirs » adressée aux enseignants le jour même des résultats du Pisa.
Il faut croire que Gabriel Attal attendait impatiemment les résultats catastrophiques du Pisa. En les instrumentalisant, Ils lui ont servi de prétexte pour proposer « sa » réforme de l’école pour 2024 et mettre en place une société ultralibérale qui aggrave les inégalités sociales.
Qu’on en juge : organisation des classes en groupes de niveaux ; accès au lycée conditionné par l’obtention du brevet des collèges ; redoublement imposé par les enseignants ; choix des manuels scolaires par l’État ; épreuve anticipée de maths pour le bac, etc.
Les groupes de niveau
Pour G. Attal, l’organisation actuelle des classes « condamne certains [élèves] à stagner ». Les enseignants le savent, c’est l’hétérogénéité qui favorise les progrès de tous. Un classement des élèves par niveau de difficulté, sans émulation, entraîne une stagnation pour tous les élèves et une baisse du niveau d’exigence de la part des enseignants. C’est avant tout un instrument de tri social.
Le redoublement
Le redoublement, laissé au choix des parents depuis 2018, revient à la décision des enseignants.
C’est faire fi de la recherche internationale qui démontre que si le redoublement peut avoir des effets positifs à court terme, il renforce in fine le manque de confiance et d’ambition et influe sur les carrières scolaires. De plus, il est inégalitaire socialement, le redoublement frappant avant tout les élèves de milieux défavorisés.
Le brevet des collèges
Avec Parcoursup, le bac n’est déjà plus le sésame d’entrée à l’Université. L’obtention du brevet conditionnera désormais l’accès au lycée. Ceux qui ne l’auront pas obtenu pourront rejoindre une « prépa-lycée », avec des horaires allégés dans certaines disciplines. Classe de relégation qui assigne ces élèves à une orientation vers l’apprentissage ou ce qu’il reste du lycée professionnel.
Les manuels scolaires
Le choix des manuels par l’État, donc uniformes sur tout le territoire, est une aberration pour les enseignants. De plus, il est contraire à la liberté pédagogique inscrite dans la loi depuis Jules Ferry.
G. Attal admet que pour mettre en place ces mesures, « il faudra créer plusieurs milliers de postes ». Faut-il lui rappeler que le budget 2024 prévoit la suppression de 2500 postes ? Ou bien ces annonces sont-elles faites pour rassurer une opinion publique conservatrice ?
Anne-Marie Delcamp