Libertés
La Ligue des droits de l’Homme dans le collimateur du gouvernement.
Lors de la commission des Lois sur le maintien de l’ordre lors des manifestations, Darmanin a déclaré que « la subvention donnée par l’État » à la LDH « mérite d’être regardée dans le cadre des actions qui ont pu être menées ».
La stupéfaction première s’est vite muée en un tollé quasi général. Créée en 1898 pour la défense du Capitaine Dreyfus, seul Pétain s’était attaqué à la LDH depuis !
Mais Darmanin est moins seul qu’on pourrait le croire. Une véritable surenchère a suivi. La Première ministre, après avoir assuré que la suppression de la subvention à la LDH n’était pas à l’ordre du jour, a évoqué les « ambiguïtés » de la LDH « face à l’islamisme radical ». Bruneau Retailleau quant à lui a dénoncé une « extrême gauchisation » de l’organisation et a à son tour a appelé à « remettre en cause les financements de la LDH ».
Fureur de Darmanin
Ce sont les dénonciations des violences policières lors de la manifestation de Sainte-Soline qui ont déclenché la rage de Darmanin. Pourtant l’organisation était dans son rôle. Son statut lui attribue le droit de constater d’éventuelles violations des droits ou violences constatées par ses observateurs, reconnus à l’international.
Mais la rage de Darmanin préexistait. Elle datait de l’opposition de la LDH à l’expulsion de l’Imam Hassan Iquioussem, accusé de propos haineux envers la République. La LDH avait dû alors préciser « nous condamnons les propos odieux d’Hassan Iquioussem, mais il était possible de le poursuivre pénalement ». Sauf qu’en s’opposant à cette expulsion, la LDH privait Darmanin du symbole de l’homme ferme qu’il s’est fixé.
Pour l’ancienne chargée de plaidoyer d’Amnesty International, Anne-Sophie Simpere, cet acharnement s’inscrit dans la logique de la loi contre le séparatisme votée en 2021. Le texte prévoit de mettre fin aux subventions en cas de non-respect du contrat d’engagement républicain signé entre les associations et l’État. A qui le tour ?
A.-M. D.