LE TRAVAILLEUR CATALAN

L’artiste devant une série de tanks.

Le Boulou

Avec l’exposition Les regardants, Christian Hernandez adresse au spectateur une puissante  Interpellation, à voir jusqu’au 31 août à l’espace des arts.

En pénétrant dans la galerie du Boulou, ce qui frappe d’emblée dans le travail de Christian Hernandez, c’est la répétition. Une bonne partie des œuvres exposées se présente sous la forme de séries. Séries de tanks, de parachutes, de têtes de militaires… L’effet est saisissant et suscite bien des questions. Que signifie cette répétition ? À quel moment l’arrêter ? Questions auxquelles l’artiste n’a pas de réponses tandis qu’il avoue « j’aime bien perturber le spectateur ». À moins qu’il ne faille chercher ces réponses dans le parcours atypique du plasticien. Christian Hernandez a eu plusieurs vies, engagé chez les parachutistes à 19 ans, il y est resté cinq ans dont un passage par la guerre au Liban, puis, les Beaux-Arts de Perpignan, la découverte du peintre Jean Dubuffet (« une révélation »), la peinture, une maison d’édition avec Christophe Massé, puis le professorat d’arts plastiques. Un parcours qu’il assume à l’aise, « l’armée m’a donné une structure, les Beaux-Arts m’ont épanoui. » Il faut aussi savoir qu’enfant il faisait sans cesse des maquettes, ce qui n’est pas étranger à l’idée de répétition.

Dans l’exposition à l’Espace des arts du Boulou on voit aussi, à côté des séries plusieurs toiles aux vives couleurs, saturées de personnages -on reconnaît Lénine, Poe, Rousseau- d’objets, de situations, un enchevêtrement improbable qui se décrypte peu à peu comme si on tirait un fil, on y lit une histoire qui, toujours, renvoie à la violence de ce monde. Et, inlassablement, on est accroché par les séries, comme celle intitulée Procès de Nuremberg, un personnage immense entre une multiplicité de têtes casquées et des fours crématoires.

L’essentiel du travail de Christian Hernandez porte sur des conflits, sur l’histoire, ce qui l’intéresse, c’est « comment le traduire graphiquement. » Il est ainsi l’auteur d’une série Les crevettes de Bigeard, des personnages les pieds pris dans du béton qu’on retrouve également dans certaines toiles. C’était avant qu’on les balance depuis un avion…Il a également fait des toiles sur le Vel d’hiv, sur la déportation, s’attachant à « la mémoire de choses qu’il n’a pas vécu. » Avec ce traitement en forme de séries il en offre un rendu intense où le regard s’engloutit.

Nicole Gaspon

À voir jusqu’au 31 août Espace des arts rue des Écoles Le Boulou

Du mardi au samedi de 9h à 12h et de 14h à 18h (sauf le samedi 30 juillet après-midi) L’artiste sera présent le samedi 6 août après-midi.

 
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