LE TRAVAILLEUR CATALAN

Alors que l’on commémore l’assassinat de Samuel Paty, l’horreur du réel, comme une répétition, vient nous percuter dans une violence inouïe. L’obscurantisme le plus crasse a frappé, encore, à l’école, et c’est la fonction même de l’enseignant qui est visé. Dominique Bernard est mort parce qu’il est enseignant. Ce qui signifie que tous les enseignants sont des cibles potentielles.

Finira-t-on par s’habituer ou réussirons-nous à garder en nous la puissance de cette révolte, au-delà du chagrin et de la colère ? Il s’agit de sortir de l’émotion pour penser l’évènement, à savoir une idéologie totalitaire qui se donne le droit de vie ou de mort sur des enseignants bien seuls face à leur mission. « Ce que montre l’assassinat de notre collègue, c’est que l’école est devenue une cible pour ce qu’elle est et ce qu’elle représente : un lieu d’émancipation par les savoirs, de liberté d’expression », analyse Sophie Vénétitay, la secrétaire générale du Snes-FSU. 

On attendrait de nos dirigeants un minimum de considération pour cette question essentielle… En réponse, Macron demande à Darmanin d’être intraitable sur l’expulsion d’étrangers radicalisés, et dès le lundi 16, une circulaire du ministre de l’Intérieur surfe de manière indécente sur cet évènement tragique. Surenchère verbale à l’œuvre, le gouvernement veut aussi réfléchir à un suivi renforcé des jeunes de 16 à 25 ans originaires du Caucase. Instrumentalisant sans vergogne ce drame, la Macronie en profite pour accélérer et durcir le projet de loi immigration, présenté comme LA solution. Quant au ministre de l’Éducation nationale, face aux défis que celle-ci doit relever après cet attentat, il promet, comme seule réponse, des sanctions judiciaires à tout jeune qui se manifesterait au cours des hommages et commémorations… Suffit-il de clamer dans une cour de lycée « L’école est debout ! » sans apporter une once de réflexion sur comment faire pour qu’elle le reste ? Réponses primaires, sécuritaires, à une question qui devrait mobiliser toutes les énergies et toutes les intelligences dont nos gouvernants semblent dépourvus.

 
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