
Assurance chômage
Tout va très vite. Par 49.3 ou par décret, les réformes se suivent, défavorables au monde du travail. Celle de l’Assurance chômage en fait partie. Elle ne sera pas discutée au parlement.
Le gouvernement vient de déposséder les partenaires sociaux de la gestion de l’UNEDIC, démarche rendue possible par le projet de loi « marché du travail ». Il prendra seul les décisions, jusqu’à fin 2023. La première des décisions est simple. « Quand l’environnement économique sera favorable, la durée d’indemnisation sera réduite de 25 % ».
Au service des employeurs et du Medef
« Cette réforme va dans le bon sens, vers le retour à l’emploi » déclarait ainsi Hubert Mongon, du Medef, à la sortie de la rencontre avec le ministre et les syndicats. La réforme engagée fera désormais varier la durée d’indemnisation en fonction du taux de chômage national. Au dessus de 9 % de taux de chômage, il n’y aura aucun changement. En dessous de 9 %, situation considérée par le gouvernement comme favorable, il y aura 25 % de durée d’indemnisation en moins. Ce qui, dans l’esprit des dirigeants, devrait convaincre les « chômeurs » de retrouver un emploi plus rapidement. Si cette loi était appliquée demain matin (taux de chômage entre 7,2 et 7,3), l’ensemble des demandeurs d’emplois de France verraient, de facto, la durée d’indemnisation réduite d’un quart.
Les syndicats vent debout
Une majorité d’économistes contestent le bien fondé des conclusions gouvernementales. De leurs côtés, les syndicats (CFTC, CGT, FO, CFDT) pointent l’iniquité d’un tel dispositif. D’après eux, il va d’abord affaiblir la position des privés d’emploi, qui, sous peine d’être bien moins indemnisés, devront un peu plus encore aujourd’hui qu’hier, accepter des postes peu en accord avec leurs souhaits et leurs compétences. Ils ne pourront plus, ou bien moins, discuter leurs conditions de travail. Enfin, les syndicats pensent que ces mesures vont appauvrir un peu plus encore des dizaines de milliers d’individus. Une bombe sociale en cours.
Michel Marc