Uber
Depuis dix ans, Emmanuel Macron a déroulé le tapis rouge à la multinationale Uber et son modèle antisocial.
Ce ne sont pas moins de 124 000 documents qui ont été remis au Consortium international des journalistes d’investigations sous le nom de « Uber Files ». Bravo à ces journalistes obstinés qui creusent, à la recherche de la vérité, et mettent sur la place publique des pans cachés de nos sociétés.
Le futur président de la « start-up nation » avait tout pour s’entendre avec les promoteurs de ce nouveau modèle d’exploitation remettant au goût du jour le travail à la tâche grâce aux outils numériques.
Une longue histoire
En 2008, le rapport Attali (Macron étant le rapporteur adjoint) proposait déjà de casser le droit du travail et de mettre fin aux professions réglementées, taxis en tête. Il s’agissait de « préparer la jeunesse à prendre des risques ».
Octobre 2014, Emmanuel Macron recevait à Bercy le patron d’Uber, Travis Kalanick. Il promit ce jour-là de veiller à ce que les inspecteurs de la répression des fraudes ne soient pas « trop conservateurs ».
La loi Thévenoud est alors en cours de rédaction, et doit encadrer l’activité VTC et calmer la colère des taxis. Le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, n’hésite pas à court-circuiter ses collègues – celui des Transports en tête- pour tenter d’alléger les restrictions. La formation des chauffeurs passe de 250 heures à 7. Macron écrit : « faire en sorte que la France travaille pour Uber afin qu’Uber puisse travailler en et pour la France ».
En 2015, le Préfet des Bouches-du-Rhône publie un décret interdisant de facto aux chauffeurs Uber de travailler à Marseille. Le lobbyiste d’Uber envoie un SMS paniqué à Emmanuel Macron qui lui répond qu’il va « regarder cela personnellement ». Trois jours plus tard, le décret est assoupli.
Devenu Président, il peut légiférer plus facilement. En échange d’une Charte de bonne conduite, qu’elles rédigent elles-mêmes, avec une assurance privée Axa, les plateformes sont protégées de tout risque juridique. Par deux fois le conseil constitutionnel invalidera ces lois.
Où l’on retrouve la première ministre
En 2020, Élisabeth Borne, passée au Travail, commande une ordonnance instaurant un pseudo dialogue social, fiasco total avec 98% d’abstention chez les livreurs. Devenue Première ministre, Élisabeth Borne a nommé Jean-Noël Barrot ministre délégué au Numérique. Soit le frère de la directrice de la communication d’Uber Europe.
La multinationale est une championne de l’évasion fiscale, elle a même mis en place un système anti-perquisition pour se soustraire à la justice des pays qu’elle veut conquérir.
Jacques Pumaréda