
MEDEF
Ces derniers jours, dans la presse régionale, un responsable du MEDEF local s’alarmait du sort des entreprises, déclarant « on refuse d’être les vaches à lait de l’État », déclaration qui mérite quelques précisions.
De deux choses, l’une où ce responsable du MEDEF méconnait la réalité des aides diverses et variées dont bénéficient les entreprises où il nous la fait à l’envers.
La deuxième option est la plus crédible, car l’organisation patronale veille à ce que soit masquée cette réalité : le capitalisme français vit sous perfusion d’aides publiques.
Elles sont passées de 9,4 milliards d’Euros (2,2% du PIB) en 1979 à 175 milliards d’Euros (6,6% du PIB) en 2022.
Elles se répartissent en trois catégories :
1. Les aides sous formes fiscales qui sont le renoncement de l’État à percevoir les impôts qui devraient être payés par les entreprises. Ce sont 48 milliards de recettes abandonnées tels les 20 milliards du crédit Impôts Emploi Compétitivité, le mal nommé transformé en exonération permanente sans démonstration de son efficacité.
2. Les aides sociofiscales mises à charge de la Sécurité sociale qui consistent essentiellement à une exonération des cotisations sociales. Elles représentent 78 milliards et constituent un encouragement aux bas salaires et une perte de ressources pour la sécu qui conduit à faire participer de plus en plus les assurés sociaux aux dépenses de santé.
3. Les subventions diverses et variées parmi lesquelles le crédit Impôts Recherche distribué souvent sans discernement et efficacité réelle au total 49 milliards d’Euros.
À ces chiffres s’ajoutent les modifications de la loi fiscale qui génèrent de nouveaux avantages fiscaux tels que le régime des sociétés mères et filiales, d’autres mécanismes favorisant l’évasion fiscale…
Pour ce qui est des contributions, les entreprises ont acquitté en 2023 dans les P.-O. 14,48% des recettes fiscales sous forme d’impôt sur les sociétés contre 70 à 75 % pour les ménages.
Alors de quel risque parle le MEDEF ? Celui qu’éclate la vérité …
Tout ce système profite aux plus grosses entreprises, aux multinationales et à leurs actionnaires. Les TPE et les PME dont les dirigeants récoltent quelques miettes sont invités à pressurer leurs salariés pour rester économiquement en vie. Ce système est organisé pour favoriser la captation des richesses produites par les plus grandes fortunes dont le patrimoine et la fortune ne cessent de croitre. Il comporte également une autre dimension, celle du pillage direct des fonds publics et sociaux par des sociétés à but lucratif. La maltraitance qui en découle pour les usagers et les personnels a été révélée par le scandale des EPHAD, et des crèches privées.
Dans le domaine de la santé, le poids du secteur privé, propriété de grands groupes financiers et de fonds de pensions étrangers, y imprime un système de soins à deux vitesses en fonction des moyens de malades. Il organise aussi la fragilité du secteur public condamné à prendre en charge les soins non rentables et le poids de l’intervention sociale.
Au fait, depuis le 28 novembre, le nouveau patron du MEDEF dans les P.-O. est le directeur de la clinique Saint-Pierre, propriété du tentaculaire groupe ELSAN qui rémunère ses actionnaires sur le dos de la sécu, et des malades qui payent chèrement leurs soins.
Parions que le MEDEF va encore tenter d’anesthésier l’opinion publique et les petites entreprises qu’il ne défend pas.
M. C.
Le groupe ELSAN est propriétaire dans les P.-O. des cliniques Saint-Pierre, Médipôle, mais aussi Prades, Céret et l’ancienne maternité Notre dame de l’espérance…