LE TRAVAILLEUR CATALAN

Film

Après avoir vu le dernier film de Ken Loach, The Old Oak, le vieux chêne en français, il me semblait difficile de ne pas faire partager mon enthousiasme, mon plaisir et mon admiration au lecteur du TC.  Certes, l’histoire n’est pas nouvelle, elle a l’âge de la lutte des classes qui a eu la prétention de mettre au tapis le monde ouvrier britannique et plus particulièrement les mineurs. Thatcher voulait les rayer du paysage social, eux et d’autres, pour laisser le libéralisme échevelé qui était bien sûr sa tasse de thé régner dans les consciences et mettre au pas un syndicalisme honni par son monde. Les films de Ken Loach ne cessent de revenir sur cette histoire, en la peignant avec un œil réaliste et souvent pessimiste.

Avec The Old Oak, le réalisme est toujours là, le pessimisme y est aussi, mais l’histoire se pare d’événements porteurs, de personnalités attachantes, de signes que la lutte des femmes et des hommes est aussi faite d’espoirs. Pourtant, quand ils arrivent dans cette petite cité minière qui a perdu mines et avenir, les réfugiés syriens sont accueillis avec la plus grande méfiance, pour ne pas dire plus. L’auberge du Old Oak qui semble un des rares lieux de vie qui subsiste, voit la confrontation de l’hostilité des travailleurs locaux qui ont tout perdu et l’incompréhension d’immigrés dans le dénuement total. Deux personnages à la riche humanité vont jouer un rôle moteur : Yara, une jeune photographe syrienne, volontaire et déterminée, et surtout TJ Ballantyne,  le propriétaire du pub, aussi usé que son établissement, mais décidé à s’en servir pour sortir du marasme. Certes, ce n’est pas la révolution, mais une mise en résonance : ce microcosme parle d’actes solidaires qui ont du sens pour agir sur le monde.

Allez voir le film pour prendre conscience que, comme le répète Ken Loach : « L’espoir n’est pas une pensée magique. C’est un chemin crédible que l’on trouve au milieu des problèmes auxquels on est confronté ». Un chemin qui nous permet de rester aussi verts que son « vieux chêne ». Une belle leçon pour un cinéaste de 87 ans.

Jean-Marie Philibert

 
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