LE TRAVAILLEUR CATALAN

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Plus de limites aux horaires de travail, plus de lien réel avec le collectif de travail, plus de solidarité possible face aux directions.

Une explosion silencieuse. Avec la covid-19, le télétravail s’est imposé comme une pratique courante.

Depuis le confinement, le télétravail a été mis en place avec de très fortes disparités de règles selon les entreprises. C’est à la fois une manière de poursuivre l’activité économique dans des conditions différentes mais aussi un nouveau mode de vie pour de très nombreux salariés.

Il y a ceux qui y trouvent leur compte en conciliant vie familiale et professionnelle et ceux qui en souffrent. Plus de limites aux horaires de travail, plus de lien réel avec le collectif de travail, plus de solidarité possible face aux directions. Enfin le Medef veut en profiter pour uberiser le travail.

Concilier le télétravail avec la vie familiale et professionnelle

Pour certains cela a représenté une expérience positive même s’il a fallu repenser une nouvelle organisation, un espace dédié dans son chez-soi. Certains points restent à préciser comme le lien social régulier avec l’entreprise et ses collègues. Il doit être entretenu et le droit à la déconnexion respecté… Le sentiment d’isolement peut vite arriver. Il faut sécuriser les conditions de vie des personnels qui l’utilisent. Plages horaires, matériel adapté… Il faudra aussi être vigilant à ce que cette nouvelle façon de travailler puisse garantir un équilibre entre vie privée et vie professionnelle et préserver la santé des personnels.

Cela permet aussi de travailler sur des dossiers qui nécessitent plus de temps qu’à l’accoutumée sans être dérangé. Depuis la fin du confinement, bon nombre de salariés demandent du télétravail 1 ou 2 jours par semaine. Le télétravail permet, selon les situations, de trouver l’organisation qui correspond le mieux aux personnalités aux méthode de travail pour rendre les personnes efficaces et épanouis.

Un travail dégradé et un sentiment d’isolement

Le télétravail concerne essentiellement les cadres et les professions intermédiaires même s’il s’est étendu aux employés. Il montre un travail dégradé. Cela a correspondu à une augmentation de la charge de travail pour 1/3 des salariés. Pas d’équipements ergonomiques mis à disposition. Pas de plages horaires définies et souvent pas de droit à la déconnexion. Et également dans la majorité des cas, pas de prise en charge des frais de connexion et des logiciels.

Se posent également des problèmes de santé avec des douleurs physiques psychologiques dues à l’isolement. les relations avec les collègues et la hiérarchie et de difficulté à trouver un sens à son travail.

Le patronat y voit des avantages

Le patronat semble enclin à normaliser le télétravail pour de larges catégories de salariés. Il y voit des avantages. Cela permettrait de faire porter sur les salariés des coûts aujourd’hui à la charge de l’entreprise (énergie, locaux, matériel…) et de s’affranchir d’une part des obligations de l’employeur en matière de conditions de travail, de déplacement ou de garde d’enfants…

Le télétravail a été pleinement exploité pendant le confinement pour ceux qui étaient équipés d’ordinateurs professionnels. Le patronat veut profiter qu’un certain nombre de personnes y ont trouvé des avantages pour uberiser le travail : aux salariés de se déclarer en auto-entrepreneur pour qu’ils supportent l’ensemble des charges. Le patronat y trouverait des bénéfices non négligeables. Le profit avant tout.

Le télétravail au cœur des luttes

Dans le monde d’après, le télétravail sera au cœur des luttes pour que les salariés gagnent de nouveaux pouvoirs sur leurs vies à l’entreprise et en dehors. Cela doit se traduire par l’obtention de nouveaux droits pour les salariés. Il faut donc un cadrage national. Quand on voit que le télétravail a permis d’augmenter la charge de travail, on comprend l’intérêt du patronat à éviter les discussions sur ce sujet avec les syndicats.

C’est pourtant devenu un sujet de société. Construire un cadre, c’est pouvoir travailler ensemble. Dénier ce besoin est irrespectueux pour le monde du travail. Les salariés attendent quelque chose de concret. Avoir un télétravail dans de bonnes conditions est possible avec un système qui découle d’un accord collectif, c’est-à-dire quand le salarié comme l’entreprise s’entendent.

La période du confinement a montré les limites du télétravail. Chacun n’a pas pu disposer d’une pièce pour travailler dans le calme afin de respecter l’autonomie de tous les membres de la famille. Être totalement en télétravail sur une longue période fait perdre pied avec l’entreprise et coupe le lien social avec ses collègues.

 
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