LE TRAVAILLEUR CATALAN

©Delge

La fondation Abbé Pierre vient de publier son 27ème rapport annuel sur le mal logement en France. Elle dénonce la précarisation accrue de couches entières de la population et dresse un bilan critique du dernier quinquennat.

Chaque année, la fondation Abbé Pierre publie un rapport sur « l’État du mal logement en France ». Les chiffres dévoilés dans le rapport de l’an dernier faisaient déjà froid dans le dos. Ceux de cette année sont encore pires.  Plus de 4,1 millions de personnes sont recensées mal logées (contre près de 4 millions l’an dernier). Parmi elles, 143 000 étaient sans domicile l’an dernier. Elles sont désormais 300 000. Le chiffre des personnes « fragilisées par rapport au logement » reste stable mais se monte quand-même à plus de 12 millions. En tout -sans double compte- 14,6 millions de personnes sont sans toit ou vivent dans des conditions indignes.  Soit plus de 21% des Français.  A titre de comparaison, et sur la même année, 133 000 personnes ont demandé l’asile protecteur en France et seulement 36 000 ont été acceptées (soit 0, 05 % de la population française). Il faut croire que les conditions de vie de 21% des Français concernent moins le gouvernement et les prétendants aux élections que la peur de l’autre. 

Faut-il vraiment parler des 672 000 coupures d’énergies, pour causes d’impayés (+22% en deux ans) ? Du nombre d’expulsions locatives pour impayés, 700 de plus en un an ? Pour comprendre que quelque chose ne va plus dans ce qui ressemble de moins en moins à notre « démocratie ». 

Propositions

Au-delà des chiffres, ce que dénonce le rapport de la fondation, ce sont les choix politiques du gouvernement Macron qui ont accéléré le mal logement. 

Diminution de l’allocation logement qui a généré 1,1 milliard d’euros d’économie pour l’État sur le dos des plus démunis.  Un vrai scandale. Diminution des sommes allouées à la création des logements sociaux. 104 000 ont été autorisées en 2021 alors que la fondation chiffre les besoins à 150 000 par an. A cela s’ajoutent une « progression incontrôlée du prix des logements », l’augmentation des loyers alors que les revenus stagnent, et le « fonctionnement dégradé des services publics qui laissent présager une détérioration une crise du logement toujours plus lourde ».

La fondation propose un encadrement strict des loyers, une garantie universelle et une surtaxe des transactions immobilières les plus chères. Elle demande aussi la fin des coupures d’électricité et plus d’aide à la rénovation énergétique. Le coût de ces mesures reviendrait à un retour à la situation de 2012, soit 2% du PIB consacré au logement, alors qu’il n’a été que de 1,63% en 2021.

Pour la fondation « le logement n’a jamais été une priorité de l’exécutif au cours de ce mandat ».

On pourrait ajouter de manière plus générale que le sort des plus démunis n’est pas une préoccupation du gouvernement actuel.

Anne-Marie Delcamp

 
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