LE TRAVAILLEUR CATALAN

Le jour d’après sera un jour de libération, le plaisir de retrouver le sourire de l’ami, du parent ….

Perspectives. Il nous a semblé utile de dire ensemble et individuellement, notre vision de ce jour attendu, espéré, redouté, parce que déconfiné enfin. D’où cette rubrique qui se poursuivra dans nos prochaines éditions.

Le jour d’après nous nous réveillerons de ce cauchemar le corps cabossé et l’âme pleine de bleus. Le jour d’après sera un jour de libération, le plaisir de retrouver le sourire de l’ami, du parent que ce long confinement nous aura fait perdre de vue ; mais un plaisir étrange, mêlé d’une peine indicible qui égrène le nombre de morts.

Le jour d’après, nous verrons le soleil se lever comme au premier jour du monde, et sûrement ses ardents rayons réchaufferont notre âme trop longtemps plongée dans la froideur d’un drame. Ce drame où, fétus de paille, nous avons été précipités, victimes de causes obscures liées à la folie des hommes qui à force de vouloir rétrécir l’espace, se sont arrogé le pouvoir de rétrécir nos vies.

Et si cette pandémie était prétexte à introspection et réflexion sur une autre organisation du monde ? En ce moment, surtout en ce moment, nous ne devons pas perdre notre sens moral face à la peur du virus, nous devons lutter contre cette peur sans perdre notre sens de l’humain, de la solidarité, retrouver le sens de choses simples. Ne perdons pas cela de vue, car cela aura de l’importance le jour d‘après.

Le jour d’après ne peut plus être comme le jour d’avant. Quoi qu’en dise l’insipide marionnette qui trône en le palais de l’Élysée et qui, d’un discours construit de lieux communs aussi creux que faux, nous parle de retrouver les jours heureux. Que sait-il, lui, des jours heureux ? Que peut-il en savoir, lui ? Lui, placé là au service d’une minorité d’oligarques inconséquents, avilis par l’argent facile. Cela fait des années qu’ils nous font danser au bord de du gouffre ; gouffre dans lequel la plus inconséquente des bestioles nous a finalement précipités. Et ils imaginent, déjà, pouvoir reprendre leur danse macabre.

Le jour d’après sera un jour de colère, où nous clamerons : plus jamais ça. Plus jamais d’un monde glorifiant le profit et le fric au mépris des droits les plus élémentaires, livrant notre humanité au plus vil de marchandages, non plus jamais-ça. Ce jour, hors de question de crier vengeance, mais justice. Les responsables de cette horreur devront répondre de leurs choix, de leurs non-choix devant les tribunaux. Ce pouvoir s’est inscrit dans le déni de la gravité la situation, tout en poursuivant une politique frénétique visant à déréglementer et désarmer les services publics, pillant le bien commun pour maximiser les profits et les dividendes. Le prix de leur folie nous le payons chèrement aujourd’hui, ils comptaient leur fric, nous comptons les morts.

Le jour d’après sera celui où nous redonnerons du sens aux mots bien commun, altérité, intérêt collectif et solidarité.

Mais pour remettre la marche avant du progrès social, le jour d’après sera d’abord et surtout un jour de lutte. Ceux qui prétendent par le discours avoir changé, et nous assurent que le jour d’après ne sera pas comme les jours d’avant, préparent un après qui ressemble étrangement aux jours d’avant : les jours heureux de la finance où les déréglementations faisaient flamber les dividendes. C’est pour cela que le jour d’après appelle à l’union la plus large possible et à la lutte pour que cette ignominie ne se reproduise plus, seule condition pour que l’après, le jour d’après nous inscrive dans une histoire plus respectueuse de l’humanité et de notre planète.

Gérard Gironell

 
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