L’édito de Michel Marc

Difficile de l’accepter. Les sociétés humaines, certes traversées par des contradictions, des reculs  et des luttes de pouvoir, ont souvent trouvé, au bout du chemin, une issue aux questions sociétales d’importance. Un certain équilibre s’installait alors, et on pouvait évoquer un progrès dans l’histoire de la civilisation. Il en fut ainsi de la Révolution française qui bouta hors du royaume le « pouvoir de droit divin » et consacra la domination d’une autre classe sociale, la bourgeoisie financière et industrielle. Il y eut aussi 36 en France et ailleurs, où le Front populaire, malgré les cris d’orfraies des possédants évoquant la « faillite à venir » et malgré les complicités pseudo médiatiques, obtenait des avancées sérieuses et des progrès sociaux. Il y a eu aussi 45, le Conseil National de la Résistance (CNR), et ces « bouts de communisme » arrachés et construits, la création de la sécurité sociale et quelques nationalisations majeures, qui ont pu répondre efficacement aux besoins d’une époque. La « lutte des classes », « les rapports de force favorables », les mobilisations massives rencontraient alors un écho politique en phase avec les exigences populaires. Certains évoquaient l’impossible changement, l’irresponsabilité, le danger mortel, le chaos à venir. Les autres prouvaient le contraire. C’était donc possible !

Et aujourd’hui ? Deux logiques s’affrontent. D’un côté, celle que l’on dit comptable, qui souhaite aggraver la pression sur les salariés et promouvoir une rentabilité financière inégalée dans le monde. C’est fait. Au pas de charge. Les chiffres parlent (les milliards de dividendes, les inégalités qui grandissent,…). Les nantis se portent bien. De l’autre, une logique où l’humain est au centre. Et dans tous les domaines. Culture, environnement, épanouissement, salaires…  Les jours heureux, en quelque sorte. La question reste posée : « Où en est le rapport des forces ? ».