LE TRAVAILLEUR CATALAN

Une histoire riche et mouvementée, ponctuée d’occupations multiples et marquée par l’omniprésence du puissant voisin russe.

Au VIIIe siècle le commerce varègue (des Vikings orientaux) de la Baltique à la mer Noire fédère les différentes tribus slaves et, au IXe siècle, Kiev est prise aux Khazars par le varègue Oleh le Sage, fondateur d’un «État des rameurs» ou Rodslagen, en proto-slave Rous. C’est l’âge d’or de sa capitale, Kiev. Puis viendront les influences et les occupations suédoises, lithuaniennes, polonaises, autrichiennes, hongroises et surtout russes. Tout au long de son histoire, l’Ukraine sera l’enjeu des appétits voraces de ses voisins. Le clivage entre le Nord-Ouest, orthodoxe mais d’influence polonaise et lituanienne, c’est-à-dire occidentale, et le Sud-Est soumis aux Tatars et aux Ottomans, puis conquis et colonisé par l’Empire russe, se retrouve jusqu’à aujourd’hui dans la structure politique du pays : le Nord-Ouest vote plutôt pour les pro-Européens et se méfie de l’influence russe, tandis que le Sud-Est vote plutôt pour les pro-Russes, se méfie de l’influence occidentale (souvent assimilée au fascisme depuis la Seconde Guerre mondiale) et peut même se soulever contre le pouvoir de Kiev lorsque ce dernier se rapproche de l’Ouest.

Poutine et le nationalisme Grand-Russe

« L’Ukraine moderne a été entièrement créée par la Russie, ou plus précisément par la Russie bolchevique et communiste. L’Ukraine n’est pas pour nous un simple pays voisin. Elle fait partie intégrante de notre propre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel. » Une vision qui inscrit Poutine dans le courant nationaliste « grand-russe ». Ainsi Poutine, tournant résolument le dos aux 70 années d’existence de l’URSS, choisit l’option tsariste du grand empire slave russe, impulsé par Pierre 1er, dit Pierre le Grand et Catherine II, dite la Grande Catherine. Cet impérialisme tsariste, guerrier et oppresseur, combattu par Lénine, inspire, sans nul doute, aujourd’hui le maître du Kremlin.

Le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale

En 1941, l’Ukraine a subi la terrible occupation des nazis. Des milliers de partisans ukrainiens menèrent le combat dans les arrières de l’ennemi. Et 15% des pertes de l’armée rouge étaient ukrainiennes. Mais dans le même temps, des nationalistes ukrainiens, engagés dans la légion ukrainienne, le 201e bataillon de police, l’Armée de libération de l’Ukraine, l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), les Hiwis, et la 14e division de la Waffen SS, participèrent à des massacres de masse de Juifs et de Polonais. Ces exactions marqueront longtemps les mémoires et laisseront une tache indélébile sur le mouvement national ukrainien. 

L’Ukraine est une nation qui s’est construite difficilement. Elle est aujourd’hui indépendante et nul ne peut lui dénier ce droit. L’agression militaire russe ne règlera rien et finira par un échec dommageable pour les deux peuples, russe et ukrainien. La seule issue est l’ouverture de négociations entre les deux pays pour construire une paix juste et durable.

Roger Rio

 
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