Archipel

Le Tartuffe de Molière dans la mise en scène de Guillaume Séverac-Schmitz, un moment de bonheur porté par des comédiens pleins de fougue.

Cela commence dans une ambiance fêtarde survoltée et une musique rock assourdissante, bien loin de Molière, et du dévot Tartuffe. Ce démarrage en trombe peut aussi être compris comme une provocation à l’encontre du sinistre héros. Belle occasion en tout cas de mesurer le tonus des sept comédiennes et comédiens. Et façon d’interpeller le public installé face à face des deux côtés de la scène du Carré de l’Archipel.

Le Tartuffe de Molière mis en scène par Guillaume Séverac-Schmitz a rempli cette salle deux soirs de suite. L’artiste, basé en Occitanie, n’est pas ici un inconnu, on y a vu et aimé de lui un Shakespeare, un Wadji Mouawad. C’est le tenant d’un théâtre populaire et intelligent.

Le Tartuffe, donc, comédie en cinq actes, offre une plongée au sein d’une riche famille bourgeoise dont le père, Orgon, s’est entiché de Tartuffe, dévot hypocrite et manipulateur au point de vouloir lui donner ses biens, et sa fille en mariage. Pour les autres membres de la famille, c’est la consternation. Dorine, la servante, merveille d’impertinence, Elmire, la femme d’Orgon, et Mariane, sa fille, conjugueront leurs efforts pour démasquer l’affreux personnage. Monument d’hypocrisie, de fausse dévotion, de fausse pruderie, Tartuffe est particulièrement détestable. Ce qui valut à Molière l’animosité du clergé et des Jansénistes.

Pièce savoureuse, avec d’abord, la langue unique, formidable, percutante de Molière. Et ici, une troupe de jeunes comédiens bourrés de talent et d’énergie, follement drôles, expressifs, qui mènent l’affaire avec un dynamisme échevelé. Comme souvent chez Molière, cela s’achève sur un coup de théâtre qui arrange tout, là, c’est grâce à la sagesse du monarque. Molière n’oublie pas à qui il doit ses subsides…

Nicole Gaspon