
Lou Bayrou nous la joue bravache, je me battrai jusqu’au bout, je suis garant de l’avenir du pays, de sa capacité à réduire ses dettes, j’ai le soutien de Macron, je ne fais pas de bêtises et la messe n’est pas dite. Pendant ce temps les vacances se terminent, le retour au turbin ranime les villes et vide un peu les plages. Les écoles, les collèges, les lycées se remettent en route, les ateliers, les bureaux, les usines aussi. Mais l’humeur n’y est pas !
Confus !
L’actualité internationale est désespérante. Tout semble confus. Les esprits, comme les situations, comme les perspectives. Quant aux décisions à prendre, aux convergences à construire, aux analyses politiques à mettre en œuvre… c’est chacun pour sa pomme, avec la pratique forcenée d’une langue de bois dont on ne sait pas ce qui peut sortir, si ce n’est la tentation de rester dans le merdum … mais jusqu’à quand ?
Des incapables ?
Serions-nous des incapables ? Sans expérience ? Aux prises avec des forces politiques qui se jouent de nous pour durer le plus longtemps possible ? Elles nous racontent des salades ! Les prétentions sont multiples et variées de ceux et celles qui se disent aptes à profiter de la situation et d’une opportunité qu’il faudrait ne pas laisser passer. La droite, son extrême, son ventre mou-le-centre et même un peu de la gauche sont dans l’attente… des jours qui viennent. Wait and see !
Parce que les échéances approchent : le 8 septembre, Lou Bayrou sera sans doute fixé sur son sort… prévisible. Pour la suite, le 10 septembre, l’opération qui vise à « tout bloquer » à partir d’appels protéiformes venus des réseaux sociaux aura fait la démonstration de son impact. Wait and see ! Avec le TC, nous serons dans le mouvement, ou plutôt son blocage !
Le mécontentement réel
On découvrira l’ampleur d’un mécontentement réel. Mais il ne sera pas à un seul coup. Et c’est tant mieux : les organisations syndicales ont mis dans le paysage le 18 septembre une journée d’action. Oui ! Les huit principales, ensemble, pour protester contre les mesures de rigueur. Elles mettront de l’unité, renforceront le mécontentement devant des orientations d’une brutalité sans précédent. Elles éveillent un écho, elles peuvent structurer le mouvement et elles devraient permettre de situer les responsabilités, de rappeler les enjeux sociaux d’un plan Bayrou qui enfonce la situation du monde du travail dans les ornières sans fond dont rêve le patronat. Le niveau d’exaspération est manifeste alors que le pognon qui cruellement nous manque s’accumule dans des poches qu’il ne faut surtout pas toucher.
Parce qu’à écouter les observateurs lucides de la vie sociale, le pouvoir d’achat est lessivé, les entreprises en difficulté sont légion, les droits à l’indemnisation du chômage sont remis en cause. Le code du travail est lessivé. Les bouffées d’oxygène ne sont ni pour demain, ni pour après-demain. Il importe avant tout de faire suer le burnous, de maintenir la précarité comme une nécessité qui nous fait comprendre le peu de choses que nous sommes. Le partage des richesses n’est pas à l’ordre du jour, même si le pouvoir fait semblant, sans aucune conviction, de s’attaquer aux hauts revenus.
À portée de notre main
Et pourtant les réponses sont là, à portée de notre main, dans une augmentation des salaires, des pensions, qui agirait enfin sur notre vie. Imaginons qu’elle s’accompagne d’une modification institutionnelle qui mettrait de la démocratie dans une constitution qui en manque étrangement et là peut-être, nous aurions envie de rentrer autrement que la rage au ventre.
Jean-Marie Philibert