
Nous avons rencontré Édith Pugnet, maire de Cabestany.
Cabestany, c’est une grosse épine dans le pied de la droite, de l’extrême droite et de quelques libéraux ambitieux. Une épine de 10 000 habitants. Et ce n’est pas qu’une question de territoire. C’est politique. Ainsi, à l’instar d’autres villes ou villages comme Elne ou Alénya, l’intérêt commun est toujours placé au centre, les valeurs humaines de solidarité et de mixité ne cessent de convaincre, les services publics restent essentiels, l’écologie avance et la culture et le sport sont accessibles à tous. Les citoyens le vivent et le disent. Ajoutons à ces principes l’attachement viscéral à la démocratie, à la participation du plus grand nombre aux affaires et aux projets. Les maires successifs n’ont jamais failli à leurs engagements. Ni Jean Vila, président du comité de soutien, ni Édith Pugnet, maire sortante et pour la première fois candidate à la tête d’une liste où de nombreux citoyens non « engagés » viendront prendre place.
La campagne est bien engagée. Édith Pugnet nous reçoit dans son bureau en mairie, simplement. Elle répond aux quelques questions habituelles, récurrentes, mais pas seulement. Lors de l’entretien, Edith Pugnet déborde sur d’autres sujets et sans y prêter attention, elle donne son plein sens à l’intitulé de la liste : La passion de Cabestany. Elle est elle-même passionnée. À ce stade, une précision s’impose : Édith Pugnet a poursuivi son activité professionnelle à l’ASE (aide sociale à l’enfance) pendant ce mandat, ce qui n’a pas été, selon elle, toujours facile à assumer.
Elle a donc 53 ans. Elle est devenue maire en juin 2021 quand Jean Vila, élu une nouvelle fois pendant les élections Covid de 2020, a passé la main. Pour information, la liste La passion de Cabestany avait obtenu la victoire au premier tour avec 58,9 % et 27 élus, faisant face à deux listes, l’une LR et l’autre divers droite qui obtiendront 6 élus au Conseil municipal. La participation avait été, comme partout en France, assez faible (39%). La ville compte aujourd’hui plus de 10 000 habitants. Le conseil municipal compte 33 membres et 9 élus sont adjoints.
Les pertes de compétences et des ressources en berne
L’élue explique pour poser le cadre : « les vingt dernières années, les communes ont perdu des compétences, avec l’instauration autoritaire des intercommunalités (agglos, communauté urbaine, C.U., ou métropole). Nous avons perdu la voirie, l’économie, l’éclairage public, les transports, l’urbanisme et le tourisme. C’est P.M.M. qui s’en occupe. Depuis, la loi 3DS (Différenciation, Décentralisation, Déconcentration, Simplification) a rétabli nos compétences sur la voirie et l’éclairage public. Le gros problème, pendant ces années, c’est que certaines communes ont reçu beaucoup plus qu’elles ne donnaient (Le Barcarès, Rivesaltes, Saint-Estève, Perpignan, Le Soler et Canet). Pour d’autres, et c’est notre cas, c’est le contraire. Depuis deux ans quand même, les choses se rétablissent et s’équilibrent, c’est moins injuste, mais il reste à faire ». Elle évoque ensuite les ressources : « concernant la DGF, (Dotation Globale de Fonctionnement provenant de l’État), nous avons la même qu’en 1985, avec deux fois plus d’habitants ! La taxe professionnelle, ce sont 10 millions d’euros qui sont partis à la C.U ! Enfin, la suppression de la Taxe d’habitation nous a fait perdre un million par an depuis quatre ans ». Elle termine sa présentation générale en précisant d’autres pertes, dont la baisse du Fonds vert , qui aidait les communes à agir pour l’environnement, et en présentant la motion votée au conseil municipal contre les perspectives budgétaires d’aujourd’hui : « on ne pourra bientôt plus assurer le niveau habituel des services publics municipaux. On va devoir choisir ».
Le logement social, la « Zone Verte », la démocratie
Édith Pugnet n’abordera pas l’ensemble des sujets, trop nombreux. En revanche, le logement social, et le logement en général, sont immanquablement évoqués : « la commune continue le développement du logement social. C’est dans notre ADN. Nous sommes à peu près à 20 %. Il y a encore 800 demandes en souffrance à Cabestany (20 000 dans les P.-O.). On confie donc aux offices HLM la réalisation, avec un cahier des charges précis (dimensions, mixité sociale…) mais on perd la maîtrise des attributions, ce qui affaiblit notre connaissance des habitants, notre travail prospectif à propos de la prévention, des aides, des équipements publics utiles et autres. Tenant compte de la loi ZAN (zéro artificialisation nette) et le PLUID. PMM (plan d’urbanisme), il ne reste que trois secteurs à construire. »
Et la zone verte ? « Oui, on la préserve. Une zone qui ne sera jamais urbanisée. La campagne proche de chaque habitant. Si on doit construire, ce sera au centre, dans les dents creuses ». Et elle poursuit, s’adressant aux citoyens : « venez écrire le projet municipal, agissez. Le RN est en ordre de marche, agressif, démagogue et avec de gros moyens. Ils veulent Cabestany pour avoir ensuite P.M.M, le Département et la Région ».
L’entretien prend fin. À regrets.
Propos recueillis par Michel Marc

