LE TRAVAILLEUR CATALAN

Confrontation

La 58e édition du festival, en formule réduite, a su attirer le public et développer débats et plaisirs cinématographiques autour du bien manger.

C’est dans un contexte particulier que s’est déroulé Confrontation 58, la deuxième édition de la nouvelle gouvernance de l’institut Jean Vigo, Chantal Marchon, présidente, Marion Poirson, déléguée du festival. Rassemblé sur trois jours, basé dans les locaux de l’Institut à l’Arsenal, présenté comme « mise en bouche » du prochain, le festival n’en a pas moins atteint son but, intéresser le public venu nombreux et susciter le débat. Le thème choisi, le bien manger, les circuits courts, la faim…était en parfaite résonance avec les enjeux sociaux d’aujourd’hui.

Lors de l’ouverture, l’espace de convivialité installé en extérieur s’est révélé agréable, propice aux dégustations et échanges. Le film du soir Umami de Slony Sow, sorte de comédie gastronomique entre France et Japon était parfait pour un démarrage. Pour info, l’umami est la cinquième saveur, une sorte de Graal pour les cuisiniers.

Deux films cultes

La deuxième journée rendait hommage au mensuel Positif pour ses 70 ans, avec deux films cultes, Gens de Dublin de John Huston « son film testamentaire » et Le charme discret de la bourgeoisie de Luis Bunuel. Présent à Confrontation, Floréal Peleato, collaborateur à Positif, a présenté ces films avec beaucoup de pertinence. Perpignanais installé à Madrid, Floréal Peleato collabore au mensuel depuis 20 ans. Il est aussi écrivain, réalisateur. Positif et l’Institut Jean Vigo ont de solides liens, Marcel Oms y a collaboré, et Floréal « a découvert le cinéma aux Amis du cinéma et à Confrontation…ma sensibilité et mon regard ont été formés là. » Revue à vocation de transmission et d’échanges sur le cinéma, à vocation pédagogique, Positif est « totalement indépendant, s’attache à cultiver le goût de l’imaginaire, de la découverte et de la redécouverte. » On y trouve de nombreux dossiers, sur l’actualité, l’histoire, l’esthétique…Floréal Peleato prépare pour la fin de l’année un dossier sur le cinéma espagnol.

La journée de samedi avait pour thème Manger autrement, plusieurs des intervenants se retrouvaient sur l’idée que la nourriture, la cuisine c’est du lien social. Étaient aussi évoquées les questions de la faim, de l’obésité, des pesticides et la nécessité d’une éducation à l’alimentation…Le sujet du coût du bien manger aurait mérité d’être plus approfondi. Cette table ronde réunissait Jean Lhéritier de Slow food, le MIAM, Paul Lacoste, cinéaste, et un jeune canadien vigneron en Fenouillèdes après avoir enseigné la philosophie allemande en Gaspésie.

De Paul Lacoste on a vu Vendanges, un film émouvant qui, au travers d’une période de vendanges à Gaillac, propose une série de portraits de femmes et d’hommes dans la précarité, s’interrogeant sur l’après.

En presque clôture, un film foutraque, Tampopo de Juzo Itami. On y apprend tout sur la cuisson des nouilles dans la cuisine japonaise, curieusement ce sont les hommes qui détiennent ce savoir qu’ils s’échinent à inculquer à une jeune restauratrice. Pas vraiment féministe, donc, à moins que ce ne soit au deuxième degré. Tout étant possible dans ce film façon western parsemé de saynètes bizarres où la nourriture participe de jeux érotiques.

Attendons maintenant Confrontation 59.

Nicole Gaspon

 
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