LE TRAVAILLEUR CATALAN

La Massane

Joseph Garrigue, l’initiateur de « la marche » pour alerter, preuves à l’appui, sur les dégâts encore réversibles de la chimie et des températures sur la forêt, nous a gentiment confié ses premières rencontres et ses premières impressions. Nous publions avec une semaine de retard. Il se trouve aujourd’hui bien plus loin. Extraits.

Voilà 15 jours (aujourd’hui 26) que nous sommes partis de la Massane avec Françoise. Nous voilà aux abords de Pont-Saint-Esprit sur les bords du Rhône. Les marches se suivent, chacune avec ses petites surprises du fait de la spontanéité du départ et du manque de préparation, mais l’inattendu est bien souvent l’étincelle des voyageurs… Nous avons longé la mer, les étangs, toutes ces lagunes incroyables de beauté sur le plan paysager. Mais nous avons aussi longé la laideur des aménagements outranciers des stations estivales, désertes pour la plupart en ces journées d’hiver.

Nous avons traversé la Camargue gardoise, fait escale dans les réserves naturelles. (…) Et puis nous avons atteint le grand Rhône, ce fleuve incroyable, toute cette eau qui circule en flot continu et dont nous manquons tant dans les Pyrénées-Orientales. Je n’ai pu alors m’empêcher de penser à ce qui motive notre marche : « dans les réserves traversées, dans les canaux, dans ce grand fleuve qu’est le Rhône, savoir que là, partout, les molécules toxiques épandues dans nos champs s’accumulent et continuent de tuer ».

Rencontres

Les rencontres humaines sont une source de réconfort et de motivation . Partout l’accueil est chaleureux, et tellement enrichissant. Rico et Maryse à St-Cyprien, Marion et Claire à Torreilles, Kim et ses crevettes de Leucate, toutes et tous, simples citoyens, comme des millions de gens dans ce pays, qui ne veulent plus que l’on empoisonne la terre et tout ce qui y vit. Et puis il y a tous les collègues (…). 

Laurence et son équipe de la maison de l’étang, comme Julie et Xavier, de la réserve du Bagnas, Dominique sur le canal de la Roubine, et puis les amis de Camargue, Rémy et Jérémiah. Tous me racontant que l’eau qui donne la vie, donne aussi la mort en bas de bassins versant (…). Xavier me raconte qu’il ont encore trouvé du DDT, interdit depuis plus de 30 ans dans les fèces de loutre. Julie qui me parle des milliers d’hirondelles qui se posaient dans les roselières et qui ne sont plus. Rémy, bagueur d’oiseaux, qui voit s’effondrer les populations d’oiseaux insectivores.

À la fin de chaque marche, les volontaires s’organisent ici à Sète pour un film/débat, là à Montpellier avec des associations militantes qui organisent un grand débat avec Francis Hallé, venu à notre rencontre, (…), Isabelle Chuine spécialiste du climat, Florence Volaire, de l’agroécologie, autour du film de Gwarr « à l’abri des activités humaines »… et un jeune zadiste qui s’invite aux discussions et qui nous rappelle combien est importante la notion de transgénération, ce devoir de transmission, et d’entraide aussi : « nous n’avons pas le droit d’échouer dans ce combat pour le vivant ».

L’énergie positive

Et puis, il y a tous les petits tracas de la vie dans une marche… les crevaisons, la roue cassée, les rdv manqués, les itinéraires impossibles… et l’approximation des gens qui ne marchent plus beaucoup et qui vous disent : « c’est juste là… ».

Les rencontres sont si belles, il faudrait des pages pour les relater

Il y a beaucoup de joie dans un voyage, beaucoup de peine aussi, des histoires incroyables de vie, tant de frustrations à ne pas pouvoir agir, ne plus être en capacité de décider dans quel monde vouloir vivre… mais il y a aussi ce formidable espoir. C’est la force d’une marche, la mise en route de l’action.

L’actualité est venue ensuite nous percuter. Les agriculteurs.  Je me souviens du départ au Racou, et les mots dits à ce propos, « il faut donner les moyens, beaucoup de moyens à notre agriculture pour assurer la nécessaire transition à l’agro-écologie Arrêter de produire contre le vivant, mais faire avec, pour ce qu’il est, pour nous, pour nos enfants ».

Propos recueillis par Michel Marc

 
Cet article est en lecture libre. Pour avoir accès à l'ensemble du site, merci de vous connecter ou vous inscrire

ARTICLES EN LIEN