Société
Depuis plus de deux ans les peurs qu’on nous distille se succèdent.
À commencer évidemment par le Covid. Possiblement mortel. Nous serions donc mortels ? Le confinement a isolé les individus, la vaccination les a rendus responsables -ou irresponsables- de leur santé et a permis d’accélérer la mise en place d’une société « sans contact ». Travail à distance, seul chez soi, numérisation accrue des procédures administratives, excluant par là-même les plus précaires et les personnes âgées de l’accès à leurs droits, sans parler de la menace que représente l’Autre, contaminant virtuel. Combien de gens ne se serrent plus la main ? Combien ne se font plus la bise ? La peur de l’autre s’est ancrée. Et s’est probablement plus facilement répandue à tous les autres. Musulmans, migrants, homosexuels…
La peur du virus Covid ne faisant plus recette, l’envie de vivre ayant repris le dessus, la guerre en Ukraine a pris le relais (menace d’une guerre nucléaire en Europe ?). Ont ensuite suivi, pêle-mêle, la peur de manquer de gaz cet hiver, les incendies qui ravagent la planète avec la menace que le ciel nous tombe sur la tête, la variole du singe qui devrait faire l’affaire pour remplacer la peur du Covid mais qui stigmatise déjà les homosexuels. En attendant ces peurs permettent d’éviter les vraies questions. Quelle est l’efficacité réelle du vaccin contre le Covid ? La guerre en Ukraine est-elle la seule responsable de l’envolée des prix ? La mondialisation commerciale ne conduit-elle pas à la dépendance énergétique, entre autres ? Y a-t-il une réelle politique écologique ?
De tous temps les peurs ont contribué à asservir les peuples. « Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes » disait déjà Machiavel.
A.-M. D.