
Dans le train qui me ramène ce samedi soir d’Avignon, où le festival se tient, malgré tout, TER bondé de familles et de jeunes en quête de vacances à la plage, sans masques, ni gestes barrières, comme lsi rien ne pouvait les atteindre…
Images et émotions ressurgissent d’un festival pas comme les autres, plus grave, où le poids de la pandémie est omniprésent en dépit de la légèreté de circonstance. Contrairement au festival IN, subventionné par l’argent public, le festival OFF n’est financièrement pas pris en charge. Chaque compagnie doit payer elle-même sa scène, son logement pour trois semaines, et la rémunération de chaque professionnel. C’est dire la prise de risque, tout particulièrement cette année où tant d’incertitudes ont pesé sur la tenue de ce festival. Pourtant, la richesse, le foisonnement de la création et la diversité des propositions artistiques, étaient bel et bien au rendez-vous. Plus que jamais, la rencontre directe entre les compagnies et le public a confirmé Avignon comme un véritable lieu de créations et d’aventures, pour les artistes comme pour les spectateurs. Et c’est rassurant…
Dans ce train débordant, torride et bruyant, une question me traverse : le monde à l’envers tel que nous le vivons, de confinement en confinement, de couvre-feu en couvre-feu, a-t-il ouvert nos yeux, musclé nos réflexions, libéré nos prises de conscience et délié nos imaginaires ? Au point de nous faire douter que le monde dit « normal », celui d’avant, soit la réponse à ce désastre planétaire. Après la violence de ce que nous avons dû subir, qui nous frappe encore et le monde entier avec nous, la question n’est pas celle du « jour d’après », mais celle du « système d’après », celle de « l’après-capitalisme ». Car si le virus n’a pas de passeport, sa rencontre avec les humains et sa diffusion pandémique doivent tout à la globalisation du capitalisme, à la mondialisation de ses modes de production et de vie. Les anthropologues connaissent bien et expliquent inlassablement la logique de constitution des chaînes épidémiques. Personne ne pourra dire : « on ne savait pas ! »
Alors, agissons ! Remettons sur ses pieds un monde qui marche sur la tête, Marx appelait ça le communisme, une société sans classes, une civilisation inédite, une humanité qui se saisit de son histoire et la transforme. Un monde d’après le capitalisme, voilà qui est à l’ordre du jour, même en ce jour d’été où chacune, chacun as- pire à un peu de légèreté. Belles vacances à vous !