Depuis quelques années, on observe une nette croissance de vins plus respectueux de l’environnement : Agriculture raisonnée, vins bio, biodynamiques, naturels… Comment s’y retrouver ? Les étiquettes et labels sur les bouteilles de vin ne sont pas toujours faciles à déchiffrer.
A l’origine les fondateurs du bio étaient des nostalgiques de la paysannerie à l’ancienne. Aujourd’hui, le Bio est possible à l’échelle industrielle, avec le développement du bio en grande surface. D’où l’émergence des labels, contre-labels…Autant de démarches de résistance par rapport à l’altération de l’image du bio.
Pour le vin, la notion de terroir est fondamentale. Il s’agit d’exprimer un sol dans le vin. Il est difficile de parler de terroir quand le désherbant tue le sol. L’agriculture conventionnelle s’est développée à l’issue de la 1e guerre mondiale. Avant, tout était bio car les désherbants n’existaient pas et les engrais chimiques sont apparus au début du XXe siècle.
Le vin Bio certifié c’est le refus de tout engrais chimique dans le sol. Il ne certifie pas les vins mais les raisins. Le désherbage est mécanique ou manuel, pas de désherbant chimique, pas de produits de traitement de synthèse, pénétrants ou systémiques, qui rentrent dans la plante.
Le bio utilise des produits de contacts qui ne pénètrent pas dans la sève. La fertilisation en bio se fait avec du fumier et du compost. Cela implique un temps d’assimilation par la plante, de travailler plus pour retirer l’herbe et assurer les traitements. La viticulture conventionnelle utilise des engrais azotés, qui nourrissent la plante avec des produits directement assimilables, ce qui dope le rendement.
Au niveau européen
Le dosage de cuivre autorisé, seul produit pour traiter la vigne a été diminué. Le cuivre est au centre de toutes les attentions en bio, car il existe au niveau européen une immense pression pour interdire le cuivre. Ce qui reviendrait à interdire l’agriculture biologique car il n’existe aucune alternative au cuivre. Ce sujet n’est traité par personne… Dans le débat politique, silence. L’Allemagne et l’Autriche font pression, affirmant que le cuivre tuerait les sols. Les puissants fabricants de pesticides européens – Bayer-Monsanto, BASF et Syngenta sont à la manœuvre avec l’autorisation du glyphosate et des néocotinoïdes ! Un sol désherbé casse toute la chaîne organique, il ne comporte plus aucun élément vivant.
La mention HVE (Haute Valeur Environnementale) est un label créé par France Nature Environnement, poussé par les gouvernements successifs. HVE contrôle tous les acteurs de la filière, c’est une certification de l’exploitation et non du produit. C’est un label le moins disant possible, devenu une fausse labellisation écologique. Il permet parfois le passage en bio pour certains exploitants. Dans le commerce, c’est un faux label bio pour duper le consommateur.
Le montant total des aides publiques consacrées aux MAEC (Mesures agroenvironnementales et Climatiques) sur la période 2014/2020 a été doublé par rapport à 2007/2013.
La PAC représente 50% du budget européen, dépensé pratiquement que pour le conventionnel. 350€/Ha pour l’aide à la conversion bio, 700€ pour les MAEC.
Les aides au maintien de l’agriculture bio ont été supprimées sous F. Hollande. Sauf en Occitanie car la Région a pris le relai avec 400€/ha.
Les vignes bio représentent en Occitanie 51 101 ha, soit 20 % de plus qu’en 2019 sur 2 959 exploitations. Elles représentent 19 % du vignoble régional.
Le développement du bio en France est exponentiel, avec de petites exploitations, où il est plus facile de faire du bio.
Les pratiques sont très diversifiées, même dans le cadre du bio, mais le bio représente l’avenir.
Quels moyens pour se faire entendre ?
Aucun programme présidentiel ne s’intéresse à ces problèmes, La viticulture n’a aucun écho nulle part. Les chambres d’agriculture et syndicat majoritaire FNSEA ont l’oreille des gouvernants pour une agriculture intensive. 75% d’abstention parmi les exploitants agricoles aux dernières élections à la chambre d’agriculture. La seule résistance possible est sur le terrain.
Le vin naturel existe en réaction au fait que l’agriculture biologique ne concerne que la partie culture. Le cahier des charges a été créé très récemment. Pas de filtration, pas d’ajout de soufre.
L’univers du vin est très diversifié avec de vraies différences, même en bio, dans le même village. Il existe un marché de niche, pour un vin artisanal, bio, avec des levures indigènes, nécessitant plus de main d’œuvre, vendangé à la main, assez cher.
Ces vignerons vendent l’histoire, les terroirs avec de vieilles vignes, de vieux cépages. Des « chapelles » se créent autour des vignerons bio, comme à Calce et Latour-de- France car l’entraide est indispensable. Le matériel agricole en bio est très couteux et nécessite une mise en commun.
Le mot de la fin aux viticulteurs : C’est une démarche militante. On a besoin de se soutenir, de créer de l’émulation, de l’entraide. On partage les salons, les repas, des réunions de crises, on partage aussi la dépression, notre mélancolie.
Evelyne Bordet