LE TRAVAILLEUR CATALAN

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Le débat sur le nucléaire, parfois passionné, doit nous emmener à prendre du recul et à considérer la problématique d’un point de vue scientifique et politique.

L’évocation du nucléaire comme source de production d’énergie renvoie tôt ou tard aux problèmes des déchets radioactifs et de la sécurité au sens large. Pour ce qui est de la science, l’objectif de la recherche est bien, à partir des problématiques posées, d’étudier les conséquences et les moyens d’y faire face, de façon générale. Cela nécessite une totale indépendance des organes de recherche par rapport aux lobbies qu’ils soient pro ou anti nucléaires. La recherche publique répond à cette exigence. Que penser alors des positions de ceux qui ont cautionné ou décidés depuis plusieurs années la baisse des moyens financiers dans la recherche publique française ?

Nucléaire et politique

Le lien avec la politique est bien là, alors que nous devons prendre acte de la future hausse conséquente de la consommation électrique en France et des problématiques sociales et environnementales qui vont en découler.

À court terme, les décisions politiques doivent articuler l’encouragement des moyens de production décarbonnés connus, en prenant en compte toutes les données, et cela pour tous les moyens de production. Cela passe par un contrôle public de la sécurité dans la construction des installations comme dans le cadre de l’usage. Les appels à des sociétés privés de sous-traitance dans la construction des réacteurs nucléaires de dernière génération est un véritable scandale. Mal façons, erreurs dans la chaîne de construction ou gestion sociale calamiteuse des chantiers font régulièrement la une des médias et donne l’impression d’une technologie non maîtrisée.

À plus long terme, une piste d’avenir prometteuse existe : la fusion nucléaire. Aucun déchet radioactif de haute énergie à vie longue, une grande capacité de production d’énergie, des ressources quasi inépuisables et un arrêt du fonctionnement très facile en cas de problème. La fusion nucléaire fonctionne grâce au rapprochement de deux atomes d’hydrogène (deutérium et tritium) à des températures de plusieurs millions de degrés, comme au cœur des étoiles. Après que ces noyaux légers aient fusionné, le nouveau noyau créé, instable, va retrouver un état stable en produisant un atome d’hélium et un neutron avec beaucoup d’énergie.

Ces derniers mois, nous avons vu se succéder des avancées remarquables dans ce domaine. Si la maîtrise de la fusion nucléaire apparait possible dans un avenir relativement proche, cela n’épargnera pas, quoi qu’il en soit, une réflexion indispensable sur l’organisation des sociétés et la façon d’exploiter cette formidable ressource.

Pierre Serra

 
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