LE TRAVAILLEUR CATALAN


La tente dans un coin de vigne.

Banyuls

Il est des raccourcis qui résument à merveille le monde paradisiaque qui est le nôtre et où il importe avant tout que chacun reste à sa place…

Les bords de la Méditerranée nous en offrent à profusion : les villas luxueuses avec accès direct à des plages privées pour quelques-uns et la promiscuité joyeuse de tout un peuple en vacances sur des plages de sables qui n’en finissent plus. Enfin tout un peuple il ne faut pas exagérer. IL y a ceux qui restent à la maison par manque de moyens.

Entre Banyuls-sur-Mer et Brégançon, le fossé est encore plus grand, si grand qu’il semble impossible à combler. Le président joue les m’as-tu-vu sur son jet-ski aux frais de la République, avec un mépris souverain pour le vulgus pecum pour lequel il prône les sacrifices et l’économie des énergies. Il est tout à sa superbe. Les autres ont les pieds dans la gadoue : les travailleurs saisonniers, qui, à Banyuls, venaient d’un peu partout pour gagner quelques sous, sont interdits de camping municipal où ils trouvaient refuge les années précédentes et deviennent  dans un même élan, par une opération hautement symbolique, à la fois vendangeurs, travailleurs pauvres et sans domicile fixe. Si ce n’est un petit coin de vigne sans eau, ni commodités. Les pouvoirs publics se taisent, le patronat local pareil. Ils sont sans doute essentiellement préoccupés de la quantité et de la qualité de la récolte, pas de la masse de souffrance qu’elle aura imposée à ceux qui, faute de posséder la terre, sont contraints de la travailler pour mal survivre.

Jean-Marie Philibert

 
Cet article est en lecture libre. Pour avoir accès à l'ensemble du site, merci de vous connecter ou vous inscrire

ARTICLES EN LIEN