
Élection au parlement espagnol
Dimanche 23 juillet avaient lieu les élections législatives et sénatoriales provoquées par le Premier ministre socialiste d’Espagne, Pedro Sanchez, un an avant le terme prévu.
Suite à la cuisante défaite de la coalition gouvernementale (PSOE – Podemos) aux municipales de juin, c’était un pari audacieux et surprenant pour le chef du gouvernement et du PSOE mais pari en partie réussi. Puisque les sortants résistent mieux que ne le prévoyaient les sondages, même si la droite très dure en Espagne et VOX, extrême droite assumée ne sont ensemble qu’à 7 petits sièges de la majorité absolue.
Il semblerait que le vote utile antifasciste, dans un pays où une bonne part de la population a vécu sous le franquisme, ait bénéficié à Pedro Sanchez qui gagne deux députés (122), quelques dizaines de milliers de voix et 4%. Podemos devenu SUMAR, représentée par la communiste Yolanda Diaz, première vice-présidente du gouvernement sortant, se maintient et demeure le partenaire incontournable et inévitable de Sanchez malgré la perte de deux sièges (31) au profit du PSOE. Cette coalition représentante d’une gauche radicale et verte est une bonne chose pour le peuple espagnol. Elle n’avait pas remis les pieds dans un gouvernement depuis 1936 et a su imposer d’importantes mesures sociales au gouvernement sortant (augmentation importante du pouvoir d’achat, salaires et pensions, logement…). Concernant l’âge de la retraite (67 ans), l’inflation importante et le chômage (13,2 %) elle a toutefois échoué.
Un deuxième avertissement sérieux
Les indépendantistes (ERC, Junts, CUP…) ont été, pour la deuxième fois (municipales 2023), sévèrement sanctionnés par leur électorat, ils perdent 700 000 voix dans une Catalogne où la baisse de la participation est trois fois supérieure au reste de l’Espagne. Quelques-unes de ces voix sont allées aux socialistes mais la plupart sont restées à la maison.
Vox, donné très haut par les sondages, s’effondre en sièges (de 52 à 33) en voix (moins 600 000) et passe de 15,21 à 12,39 %. Au total le Partido Popular avec 136 sièges et VOX totalisent 169 sièges, la majorité absolue étant à 176 sièges. Le PP, c’est la règle en Espagne, doit tenter de constituer un gouvernement mais on ne voit pas qui pourrait donner 7 voix à une coalition de droite et extrême droite. En revanche il suffirait de 7 abstentions pour que PP et VOX dirigent l’Espagne avec une majorité relative, mais qui osera franchir ce Rubicon mortifère ?
Si le PP échoue à constituer un gouvernement, Pedro Sanchez (153 sièges avec SUMAR) pourra essayer à son tour et a priori cela pourrait lui être plus facile avec l’aide des partis indépendantistes basques et surtout des 14 députés catalans (ERC passe de 13 à 7 et Junts de 8 à 7 ). Le feront-ils et surtout en échange de quoi ?
Pour devenir chef du gouvernement avec le soutien des indépendantistes catalans, Pedro Sanchez et le PSOE devront s’engager sur l’amnistie des indépendantistes condamnés au sursis, à la prison ou à l’exil et sur un référendum d’autodétermination, sinon il y a risque que personne ne soit en situation de présenter un gouvernement au Roi et de nouvelles élections auront lieu dans quelques semaines. Il est amusant de penser que Carles Puigdemont, président catalan en exil et député européen passe d’un statut de paria à celui de faiseur de roi.
Enelji