
D’un côté, à gauche, on semble satisfait. « Voilà, c’est fait ! » Essentiellement chez les particuliers instruits, chez les intellectuels, chez tous ceux qui, de près ou de loin, abhorrent le populisme médiatique, les caricatures, les humiliations, les postures d’après-boire de l’estaminet du coin. C’est normal. Et je suis aussi satisfait.
À y regarder de plus près, ce n’est peut-être pas si simple. Il serait même prétentieux d’en rester à ces sentiments, de croire que c’est fini et de minimiser l’impact réel que la chaîne et son émission phare, TPMP, ont pu avoir sur une grande partie de la population : plutôt jeune, plutôt désemparée, plutôt désargentée et même, disons-le, parfois sympathisante de la gauche. Bref, un public populaire, comme on dit.
L’émission, première dans cette tranche horaire, rassemblait environ 2 millions de téléspectateurs chaque soir. Et non pas 10 millions, comme les tenants de la chaîne, Hanouna lui-même et CNews se plaisent à le répéter en boucle.
Et de questionner la notion de « liberté ». À la manière de Musk, Milei, Trump, Bolloré, Zemmour…, la liberté de dire des contrevérités, de refaire l’histoire, de dire des obscénités, d’insulter ne devrait pas être limitée, corsetée, voire interdite. Et l’argument fonctionne, pour l’instant. Ne le sous-estimons pas.
Rappelons quand même quelques vérités. La chaîne a cumulé 7,6 millions d’euros d’amendes pour plus d’une trentaine de « dérapages » et de « manquements réitérés ». Et elle n’a rien corrigé.
La Société des journalistes de M6, censée accueillir le présentateur vedette, inquiète, s’est exprimée. « Les sociétés des journalistes (SDJ) de M6 et RTL, ainsi que les représentants syndicaux du groupe, ont fait part de leur vive inquiétude face à l’arrivée potentielle de cette personnalité médiatique » (France Info) et ont pointé les « dérapages graves et répétés » de Cyril Hanouna : « relais de fausses informations, propos discriminants, théories du complot, non-respect du pluralisme et diffusion d’images susceptibles d’humilier les personnes ».
C’est un peu rassurant.
Michel Marc