LE TRAVAILLEUR CATALAN

Edito 4064


Depuis l’affaire Bétharram, pas une semaine sans qu’un nouveau collectif de victimes ne pointe les mêmes abus partout en France. Cette avalanche de témoignages met en lumière un problème systémique de l’enseignement catholique.  Ces récits « révèlent des actes de violence inqualifiables et des abus sexuels allant jusqu’au viol », a reconnu Philippe Delorme, le secrétaire général de l’enseignement catholique, le 15 mars dernier, promettant que le temps où l’on « cherchait à défendre l’institution plutôt que la personne (était) révolu ». Bis repetita, voir fin 2021, les conclusions de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). On connaît la suite….  Gérés par des Ogec (organisme de gestion de l’enseignement catholique), les établissements sont autonomes. (point) Ce huis clos renforce le continuum entre violences pédagogiques et violences sexuelles au sein des internats, ce qui souligne d’un trait épais la responsabilité du non contrôle par l’État. Au rythme actuel, il faudrait 1 500 ans pour que l’ensemble des établissements privés soient inspectés ! Que peut-on espérer du lancement, mi-mars, de la commission d’enquête parlementaire sur « les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires », privés et publics, voulue par le député LFI Paul Vannier et présidée par la socialiste Fatiha Keloua Hachi ?  Chaque année, 15 milliards d’argent public sont injectés dans l’enseignement privé sous contrat, aux 7 500 écoles privées et à leurs deux millions d’élèves. Soit 17 % du total des enfants scolarisés. L’attribution de cette manne financière est négociée, hors de tout cadre légal, avec le secrétariat général de l’enseignement catholique (SGEC), qui regroupe 96 % du privé sous contrat. Or, le SGEC est nommé par la Conférence des évêques de France, institution cultuelle, au mépris de la loi de 1905, qui stipule que l’État « ne reconnaît aucun culte ». Les écoles privées catholiques sont perçues comme des gages de « bonne éducation » pour toute une frange de la bourgeoisie en attente de rigueur et de discipline pour ses enfants dits « rebelles ». Le discours est bien rôdé, Il suffit d’écouter Bruno Retailleau ou l’extrême droite, qui fustigent ces « sauvageons » qu’il faut « redresser » par tous les moyens ; ou Gabriel Attal qui préconise de multiplier les internats pour « apprendre aux jeunes à respecter l’autorité ». Ainsi, en 2025 la violence éducative ordinaire est banalisée au plus haut niveau de l’État. Une forme d’orthodoxie militante, qui crée des points d’appui dans ces institutions pour accomplir sa croisade de conquête des esprits. D’où la crainte que de nouvelles violences soient passées sous silence aujourd’hui avec la bénédiction de la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne qui a promis l’envoi de « questionnaires » dans les établissements privés ! II y a là un combat de classe à mener, l’urgence à réparer l’école publique et républicaine.

Evelyne Bordet

 
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