LE TRAVAILLEUR CATALAN


Le fleuve côtier Têt par temps de sécheresse. À Vinça, Pyrénées -Orientales, Roussillon, Occitanie, France.

Dans le contexte de sécheresse que connaît notre département, la visite de Christophe Béchu, ministre de l’Agriculture était attendue. Réactions. 

Nicolas Garcia, premier vice-président du département, nous confie en préambule : « Je crois qu’en matière de sécheresse, il faut dire que les pluies de fin avril et de mai, si elles ont permis de respirer un peu, ne règlent en rien la sécheresse structurelle. Globalement, les nappes souterraines ne se sont pas remplies. La seule mesure efficiente pour cet été reste la rationalisation des usées en rappelant que l’été dernier cela nous a permis d’économiser 3 millions de M3, soit l’équivalent de la consommation de 40 000 habitants. »

L’élu répond ensuite aux questions du TC :

En tant qu’élu municipal et départemental, comment réagissez-vous aux annonces faites par le ministre Béchu ?

Ces annonces vont dans le bon sens. « C’est déjà ça ! » pourrions-nous dire. Elles permettront d’amorcer la pompe, mais globalement on est loin du compte. 

Tout le monde a immédiatement compris que 10 millions d’euros, ce serait insuffisant, d’autant que l’on ne sait pas si l’agence de l’eau se verra attribuer de nouveaux crédits ou si elle devra les prendre à budget constant, ce qui n’est pas pareil et pourrait impacter d’autres projets. 

Rien n’est prévu par exemple pour accompagner nos agriculteurs dans des reconversions vers l’agroécologie ou l’agroforesterie, techniques moins consommatrices d’eau, de pesticides et capable d’envoyer moins de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Quid de l’annonce du tuyau du Rhône et des six autres projets ?

Côté projets (les financements visent beaucoup les études), rien à dire sur la réutilisation des eaux usées. C’est bien, mais forcément limité aux stations du littoral, le travail sur certains canaux aussi. 

Concernant les quatre tuyaux il faut voir. Je suis d’accord pour analyser un nouvel « Aquadomitia » qui partirait après Montpellier pour amener l’eau du Rhône jusqu’à la frontière catalane (l’État financera en partie les études et le projet qui ne verra pas le jour avant 12 ans devrait coûter 500 millions d’€). Les études en cours (non financées par le plan Bechu) sur l’adducteur Vinça-La Raho ont été validées par le ministre dans son intervention à Canet. C’est le seul moyen de sauver la retenue de la Raho si utile, sans ne léser quiconque sur la Têt ou à Perpignan et en comblant, sur son parcours de 40 kilomètres, quelques lacunes hydrauliques sur le territoire notamment l’Aspres. 

Enfin le tuyau de la communauté d’agglo Perpignan Méditerranée visant à remonter une partie des eaux de la station d’épuration de Perpignan vers Ille-sur-Têt, tout en les laissant dans le fleuve, nécessite un complément d’étude pour sa viabilité. Celui de l’Agly qui évoque la possibilité de se brancher directement au barrage de Caramany (toujours en souffrance) pour irriguer le Rivesaltais est encore à un stade embryonnaire mais nécessite aussi une étude approfondie pour ne pas tout dérégler en cascade. À noter qui si la pluviométrie de notre département ne remonte pas vers des niveaux acceptables, nombre de ces projets ne seront que peu efficients.

Propos recueillis par Nicole Gaspon

À propos de l’augmentation du prix de l’eau

À Canet le ministre Béchu a affirmé que l’eau dans les Pyrénées-Orientales était 25% moins chère qu’ailleurs et donc qu’elle devrait fatalement augmenter. Nicolas.Garcia : C’est sûrement la phrase dont il aurait pu se passer, sans doute la moins pertinente de son discours. Pourquoi ?

D’abord parce qu’il n’a aucun pouvoir sur le prix de l’eau à moins de créer un service public national de l’eau, qu’il faudrait appuyer d’ailleurs. Ensuite parce c’est une moyenne départementale, mais en réalité la majorité des usagers catalans paie l’eau dans la moyenne nationale. La question du prix de l’eau est complexe et prendre des raccourcis est un exercice périlleux. En effet faire un lien entre investissement, rendement de réseaux et prix est aléatoire. Dans les P.-O. le secteur où l’eau est la plus chère est un coin géré par le privé depuis 80 ans et le réseau fuit comme un panier. On pourrait aussi faire un lien entre prix de l’eau et gestion publique ou privée. Toujours ici, deux communautés de communes qui ont des rendements avoisinant les 83% (ce qui est très bien) ont un prix en dessous de la moyenne nationale.

Enfin nous pourrions rappeler au ministre que si l’eau dans les P.-O. est 25% moins chère qu’ailleurs c’est que notre département est celui qui compte aussi la population la plus pauvre et comme les élus locaux ne sont pas complètement fous ils veillent aussi à ce que les augmentations soient acceptables.

 
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