LE TRAVAILLEUR CATALAN

Cinéma

Trois mois après une Palme d’or ternie par les invectives reçues par Justine Triet pour avoir pris la liberté de livrer un constat amer sur la politique du gouvernement et défendu l’exception culturelle française, (Voir TC 3980) le film est dans les salles et le public nombreux en cette fin d’été !

Une œuvre magnétique et dérangeante, d’une grande maîtrise, qui creuse profondément et sans anesthésie dans les racines d’un couple. Justine Triet ne fait pas de Sandra une victime, elle brosse avec nuance et ambiguïté un portrait de femme complexe, changeante, magistralement interprétée par Sandra Hüller. C’est peut-être cela, au fond, qui la rend coupable aux yeux de la société. Anatomie d’une chute est assurément un film féministe qui ne dit pas son nom.

Très vite, on perçoit que la résolution, s’il y en a une, dépassera le canevas compassé. Avec une folle virtuosité, Justine Triet autopsie le moindre recoin de tout ce qui fait et défait les liens du couple, notamment dans une prodigieuse séquence où vole en éclats tout ce qu’on croyait avoir déjà vu et entendu sur l’impensé conjugal. L’indécision entre réel et fiction, les histoires que l’on se raconte pour créer son propre récit afin d’éponger nos échecs. Pour la vérité, les mots ne peuvent pas grand-chose, assène la réalisatrice ! Les sens, le toucher d’un petit garçon malvoyant, formidable Milo Machado Graner, l’instinct d’un chien, seuls outils capables du vrai…

Cette fascinante dissection de l’âme humaine nous laisse désemparés, face à nous-mêmes.  Chapeau l’Artiste !

Evelyne Bordet

 
Cet article est en lecture libre. Pour avoir accès à l'ensemble du site, merci de vous connecter ou vous inscrire

ARTICLES EN LIEN