
Le plasticien Joseph Maureso a investi l’ensemble des caves Ecoiffier avec une centaine d’œuvres en parfait accord avec la pierre ocre du lieu. À voir tout au long des Vendanges d’octobre jusqu’au 18 octobre.
Une exposition de Joseph Maureso, c’est toujours un événement. Celle qui occupe les caves Ecoiffier d’Alénya durant ces Vendanges d’octobre 2025 ne déroge pas. Vendredi dernier, le vernissage a attiré la foule. Poèmes, voix, danse et musique étaient au rendez-vous, en écho aux toiles.
Le titre de l’exposition, Il s’en faut de très peu, est tiré d’un poème d’Évelyne Maureso, vient après : « pour que tout bascule. ». Ces deux phrases résument de manière percutante le cœur du travail de Joseph Maureso, l’imminence de la chute, du chaos.
Découvrant le lieu et les œuvres, le regard se pose d’emblée sur un mur de toiles aux tons ocres ou gris sur lequel des blocs pierreux en suspension menacent. À son pied, de drôles de personnages comme des champignons, les ULF, des « singularités enfouies, des personnages souterrains qui communiquent entre eux et remontent à la surface… » nous dit le peintre. Chacun d’entre nous n’a-t-il pas sa singularité enfouie ?..
Balisé par les poèmes d’Evelyne Maureso, le parcours à travers les œuvres se révèle monumental, cent-quatre toiles, de tous formats et périodes, dont l’essentiel est à l’étage, belle récompense après l’ascension de l’escalier en colimaçon. Mais il faut aussi d’en bas regarder vers le haut pour ne pas louper l’étonnante perspective.
À l’étage, la déambulation conduit d’éblouissement en éblouissement, ces immenses toiles qui portent des branchages, des blocs de pierre, de la terre, une nature aussi belle qu’inquiétante, mystérieuse. Elles semblent appartenir au mur sur lequel elles sont accrochées. On y devine parfois de minuscules personnages écrasés par l’immensité. Une vision profondément terrienne, attachée aux profondeurs, à ce qui surgit de la nature. Autre caractéristique du plasticien, le partage, avec des mots, donc, mais aussi avec des peintures d’autres. Un espace est consacré aux œuvres partagées pour d’intéressantes confrontations.
Huit ans après, saluons le retour de Joseph Maureso à Alénya pour une exposition monument, bien en phase avec le lieu, parmi les outils et les machines rouillées, survivances de son ancienne destination.
Nicole Gaspon