LE TRAVAILLEUR CATALAN

Le 25e festival de cinéma Maghreb si loin si proche a débuté les 15 et 16 janvier au cinéma Jaurès d’Argelès-sur-Mer avec plusieurs invités.

Jusqu’ici les documentaires ont eu priorité. Cinq films ont été projetés les 15 et 16 janvier à Argelès. Situé en Tunisie Ghofrane et les promesses du temps de Raja Amari évoque à l’occasion d’une campagne électorale le racisme et la place des femmes en Tunisie. Dans Haut et fort de Nabil Ayouch, des filles jeunes, mêlées à des garçons, se lancent à corps perdu dans le rap et le hip hop à Casablanca. « Je voulais que la vie s’infiltre partout, que le film soit constamment à la fois joyeux et politique, social et musical » dit le réalisateur. Avec des foulards colorés, des cheveux déployés, un maelstrom éblouissant. Avec aussi une grande liberté d’esprit, allant jusqu’au rejet très affirmé de la férule des autorités qui jouent de la contrainte et de l’interdit.

En soirée, c’était la première de Mes frères et moi de Yohan Manca, un film qui sort en salles actuellement, accompagné par des représentants d’Occitanie films qui a suivi sa réalisation. « L’art qui sauve », dit son réalisateur Yohan Manca, qui déploie l’histoire autour d’un jeune garçon attiré par l’air favori de son père (La Traviata) et de la cantatrice Judith Chemla, son épouse, qui joue et enseigne le fameux air. 

De jeunes Algériens qui se dévouent pour aider les autres 

Dimanche 16, l’invitée était la réalisatrice Leila Saadna, bien connue du festival. Entre nos mains présente les mobilisations associatives et les engagements citoyens portés par des jeunes qui ne ménagent pas leurs forces. Une plongée dans cinq actions différentes, dans cinq villes différentes. Menées depuis longtemps, avec suivi, ces actions nous montrent un visage de l’Algérie loin des clichés faciles. Ces jeunes ont à lutter contre la bureaucratie, l’esprit ségrégatif, le mépris pour ceux qui semblent différents. Ils se donnent à fond, croient à ce qu’ils font et passent par-dessus les préjugés. Dans les villes d’Oran, Skikda, Batna, Akbou, Bouira et Sétif, ils se livrent à des actions distinctes, ayant aussi des correspondants en d’autres lieux. A Oran, nettoyage intensif des plages où depuis des années on jette tout et n’importe quoi. Ailleurs, aide aux victimes du sida, d’addictions diverses, en pratiquant des actes qui se substituent aux gestes que refusent les hôpitaux, surchargés ou méprisants. Aide aux handicapés, parfois de- naissance, afin qu’ils se rapprochent de la vie normale. Soutien en Kabylie au fonctionnement d’un centre culturel où les enfants viennent s’épanouir et ravir familles et amis quand ils prennent enfin place sur scène.

Maghreb s’aventure parfois un peu plus loin que les bords de la Méditerranée. Avec En route pour le milliard de Dieudo Hamadi, soutenu par le festival de Venise 2019, nous nous retrouvons au Congo avec les victimes de la guerre des six jours de Kisangani. Une guerre que Rwandais et Ougandais sont venus se faire dans cette ville congolaise y laissant moult cadavres et mutilés. Des mutilés, hommes et femmes qui, ne voyant pas venir l’indemnisation qu’on leur avait promise, s’embarquent longtemps après pour aller la chercher à Kinshasa. Une aventure épouvantable, que l’on manque de temps pour raconter. Un film terriblement dur qui montre combien se poursuit le malheur des peuples.

Yvette Lucas 

 
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