
Nous avons eu, nous l’avons toujours pour notre malheur, un jeune président, ou un président jeune comme vous voulez, et il nous a mis dans le pétrin : sa plus grande réussite, la dissolution et une chambre des députés sans majorité absolue, et sa volonté forcenée de ne pas laisser le groupe le plus important la gauche s’installer au gouvernement. Comme cela se fait dans un ordre démocratique. Et garder tout pour sa pomme. L’hubris à l’état brut.
L’ordre macronien
D’où le recours à des Premiers ministres de droite, un peu plus âgés, pour occuper la galerie et poursuivre une politique réactionnaire massivement rejetée. L’ordre macronien est au-delà de la démocratie : il est dans une pratique personnelle qui lui fait tout tenter pour abuser une opinion publique qui, pense-t-il, devrait accepter ses décisions apolloniennes, bien sûr !
Un d’jeun !
Le Parlement résiste à Lou Bayrou : changement de cap, on continue avec un d’jeun ! Après les septuagénaires renvoyés à la maison, un fringant trentenaire de droite aussi et bien sûr, est choisi pour s’y colleter et faire aussi pire en ayant le souci de durer un peu pour retarder les échéances sans céder quoique ce soit sur le fond. Il est médiatiquement paré de toutes les vertus, a commencé très tôt sa carrière politique et c’est un fana du Prince. Ça suffit pour faire Premier ministre d’un gouvernement qui ira jusqu’au bout de sa surdité sociale, de son refus d’entendre les aspirations populaires à vivre mieux dans une société de justice où l’exclusion serait bannie. Ce sont là des gros mots à proscrire. Soyons réalistes que diable, adaptons-nous à un monde qui change, Soyons d’jeuns ! L’ordre, c’est moi, le d’jeun éternel, qui le décide. Macronus Premier jusqu’au bout et même au-delà s’il le faut
Il ne fera rien… ou pire
Que croyez-vous que fera Lecornu ? C’est simple : rien. Une carpette, ça s’aplatit. Au mieux, il gérera les affaires courantes. Tentera de faire taire les protestations, les revendications, s’appuiera sur une police docile pour en imposer aux plus récalcitrants. Fera joujou avec Le R N. Il tentera de faire naître des divisions chez ses contestataires avec tout le sérieux nécessaire et jouera à nouveau le rôle de fusible d’un pouvoir à bout de course.
Le pouvoir est nu, comme lui, Lecornu
Alors qu’il y a tant à faire pour réduire la souffrance sociale, pour défendre et promouvoir les droits, pour développer la santé, l’école, les services publics, pour promouvoir les solidarités. Surtout pas les abîmer et les détruire. Le vide politique est immense et nous le comblons de nos aspirations sans rechigner devant l’ampleur de la tâche et l’arrogance d’un ordre politique en bout de course.
Il reste la lutte sociale, le 18 et après, l’action politique, l’unité à construire et reconstruire sans fin, les consciences à convaincre et les supercheries à déjouer. Lecornu la supercherie du moment. Il y passera aussi !
Jean-Marie Philibert