LE TRAVAILLEUR CATALAN

J’ai pendant très longtemps rêvé de faire Président de toute la France, d’habiter à l’Elysée. J’ai essayé plusieurs fois, en 2002, 4° c’est pas mal, en 2007 avec 18 % 3°, et en 2012 j’ai fait 5° avec 9.1 %. En 2017, je soutiens Macron, je crois que ça l’a bien servi ; il va me surveiller, mais me donner un nonos. Jusqu’à me charger, un peu contraint par ma ténacité, d’un gouvernement minoritaire… qui a vécu quelques mois. Mais je crois qu’aujourd’hui, la fin est proche. Snif ! Snif ! 

Durer !

Les frontières du Béarn (il va falloir y retourner) ne pouvaient pas satisfaire mes ambitions, elles m’ont servi à m’inscrire dans un paysage politique complexe et à faire mon apprentissage pour occuper des fonctions importantes où ma prudence naturelle m’a permis de durer… Je ne dis rien, mais peut-être que je pourrai durer encore un peu et parvenir au saint Graal lors des prochaines présidentielles. En politique, rien n’est impossible et des journalistes m’ont interrogé sur mes ambitions pour 2027… Mais prudent, je ne dis rien.

Le flou

La prudence est sans doute ma vertu cardinale : j’essaie d’être là où les autres ne sont pas. On appelle cela le centre, droit, gauche ou centre-centre. Et hop ! Vous pouvez sauter d’un petit côté à un autre, sans que cela se voit, sans avoir à modifier vos discours, sans perdre vos amis de la nébuleuse qui ne veulent pas se laisser cataloguer et qui cherchent tant et tant à profiter des aléas des courants climatiques et des turbulences socio/politico/économiques. J’aime le flou et donc j’y ai fait ma carrière. Je n’ai pas fait Mai 68, j’avais l’âge pourtant, 18 ans. Je poursuis mes études. Mon entrée en politique se fait sous l’égide de Lecanuet et s’attache à de « grands noms » oubliés :  Pierre Méhaignerie, Alain Poher ! Mon nom, lui, continue sur sa lancée.

La déculottée du siècle

Refusant les clivages politiques, je vais jouer aux prudents rénovateurs. Et garnir un temps les rangs de l’UDF… Jusqu’à faire ministre de l’Éducation où ma proposition de réforme de la Loi Falloux (toujours plus de pognon pour l’enseignement privé) me vaut la déculottée du siècle : tous les laïcards (près d’un million) à Paris pour me faire honte, en 1994.  Les méchants !  Ils s’en souviennent encore. Moi aussi ! Et cela va encore accroître ma légendaire prudence dans la gestion de mon pré carré dans la course à l’Élysée qui s’enfuit inexorablement : je suis contraint à accepter ce lot de consolation, Premier ministre, que ce lundi 8 septembre, ils m’ont supprimé. Quelle méchanceté ! Ne pas me reconnaître pour ce que je suis : un grand homme, pas un second couteau. Mais j’aurai ma revanche.

Jean-Marie Philibert

 
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