Difficile d’écrire un « édito » aujourd’hui. Médiatiquement, des informations écrasent tout, nous submergent, occupent l’espace. Comme le disait Coluche, avec subtilité : « On s’autorise à penser dans les milieux autorisés… » en utilisant habilement, dès les phrases suivantes, un conditionnel prudent. Et « les milieux autorisés » sont nombreux aujourd’hui, qui s’épandent et s’épanchent. Depuis plusieurs jours donc, des centaines d’heures de commentaires et des milliers de lignes ont été dits ou écrites, spéculant sur le futur certain ou incertain d’Élisabeth Borne, notre première ministre, et pariant sur la suite. Qui pour reprendre le flambeau ? Une telle ou untel ? Un véritable jeu de société, de devinette.
Et rien sur le fond. Rien sur une possible nouvelle orientation ou inclinaison politique. À vrai dire, un niveau rarement atteint dans le détournement pernicieux des sujets qui comptent vraiment et qui pourraient, sait-on jamais, intéresser une partie des français. Affligeant. Allez, disons-le. Attal ou Borne, c’est pareil ! Et les 100 milliards de bénéfices réalisés par les actionnaires du CAC 40 en 2023 ne seront pas menacés en 2024.
Revenons au réel. Ce sont toujours et encore les bas salaires et une proportion toujours plus importante de travailleurs payés au SMIC. Ce sont toujours et encore les difficultés pour les bas revenus de trouver un logement. Ce sont toujours les étudiants qui, pour une partie d’entre eux, ne se nourrissent pas comme il conviendrait. C’est aussi la disparition, par forfait, d’une association « le fil à métisser » qui, depuis 2012, assurait avec pertinence et professionnalisme (200 professionnels associés et plus de 1.000 personnes suivies et accompagnées par an) un service public de proximité nécessaire. Elle étayait un équilibre précaire dans le domaine de la santé, des relations avec les institutions publiques, dont l’école d’une population pauvre et démunie du centre ville de Perpignan. Un savoir faire, des habitudes et une organisation qu’il sera difficile de remettre en route. Enfin, tout ce qui fait la vie, la vraie, et qui interroge la société.
