LE TRAVAILLEUR CATALAN

Céline Porcel et Ekaterina Merkoulova.
© Nicole Gaspon

Alénya

Pour le week-end de mi-vendanges, tant dans la création théâtrale Bad girl que dans le concert de jazz, les femmes étaient à la manœuvre.

Bad girl

Au départ, il y a un texte de Nancy Huston, écrivaine canadienne depuis longtemps installée en France. Elle y retrace la vie qu’elle a menée en s’adressant au fœtus qu’elle a été. Avançant au rythme d’allers et retours dans le temps, le texte balaie la somme de souffrances, d’interrogations, de déceptions…qui peuvent baliser la vie d’une femme. Au centre, la question de la maternité voulue ou pas et ce qui découle de tel ou tel choix. Pour porter ce texte, une comédienne, Céline Porcel et une danseuse, Ekaterina Merkoulova. Comme décor un bureau, celui de l’écrivaine, un fauteuil, des robes, des cintres. La comédienne dit le texte, avec application, façon conférence, elle veut prendre le public à témoin, le convaincre, la danseuse le met en mouvements, des mouvements lents. Elle joue beaucoup de robes et de tissus dont les couleurs changent au fil de la dramaturgie, rouge pour le sang (d’un avortement), vert pour l’espoir, blanc d’un linceul ? D’une camisole de force ? Cela donne une succession de tableaux assez saisissants.

Les deux protagonistes évoluent en parallèle, comme absentes l’une à l’autre, alors que tout leur est commun. C’est ce qui fait la force et la réussite de ce spectacle dont Muriel Sapinho signe la mise en scène.

Erika Stucky. © Nicole Gaspon

Airs des cimes

Invitée par Jazzèbre à Alénya, l’helvético-américaine Erika Stucky assistée de son compère Knut Jensen faisait figure d’OVNI jazzistique. Déjà, elle débarque en raclant parterre sa pelle à déneiger, avant de taper sur les montants des gradins avec le manche. Le public, sidéré, observe la chanteuse et sa longue tresse nouée avec du plastique à bulles qui finit par s’installer sur scène. 

Et puis ça part, dans tous les sens, d’abord elle cause, beaucoup, en anglais et en français, et puis elle chante, et recause, on a du mal à démêler entre les deux. Sauf qu’elle chante sacrément bien, une voix profonde, mélodieuse, qui vous percute. Parfois elle empoigne un mini accordéon pour accompagner ses drôles de vocalises, quand ce n’est pas le yodel qu’elle affectionne, un abattage d’enfer ! Knut Jensen lui donne la réplique au yukulélé ou à la voix, avec flegme. 

En fond de scène sont projetées des images qui rendent gigantesques les ombres des deux artistes. Une découverte, on n’oubliera pas de sitôt la personnalité d’Erika Stucky.

Nicole Gaspon

 
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