LE TRAVAILLEUR CATALAN

L’édito n°3968 de René Granmont

Si le gouvernement a sauvé son texte à neuf voix près, cette réforme reste totalement illégitime, aucun argument ne pouvant justifier la loi qui a fédéré tous les syndicats contre elle.

La macronerie cherche maintenant à faire croire que le vote de la Chambre a sifflé la fin du match. Mais personne n’est dupe et la page est loin d’être tournée. D’une part le texte n’est pas encore promulgué. Il doit être examiné par le Conseil constitutionnel et de l’avis des spécialistes, les arguments ne manquent pas pour que les sages retoquent tout ou partie du texte.

Et les parlementaires de la Nupes ont déposé une demande d’organisation d’un référendum d’initiative partagée. C’est à leur honneur de tenter d’utiliser cette procédure pour bloquer l’application de la loi des 64 ans, puis la battre dans une consultation populaire. Une telle bataille va contribuer à offrir un débouché politique à l’immense majorité de celles et ceux qui refusent ce coup de force. Elle va aussi permettre les discussions sur des projets progressistes pour amplifier la sécurité sociale et revenir à la retraite à 60 ans.

Mais, après l’épisode de la motion de censure, la crise sociale et politique reste d’une profondeur abyssale. Et le refus total de prendre en compte la volonté populaire ne peut qu’approfondir la perte de confiance en « la politique ». L’entêtement macronien met en place tous les ingrédients d’un fumier en décomposition avancée sur lequel peut se développer le Rassemblement national… à qui la Première ministre a décerné des brevets de respectabilité. C’est vrai qu’il a fait sa part de travail en jouant les faux opposants et en insultant en permanence les organisations syndicales. Une nouvelle fois, il joue son rôle de roue de secours du capital. Il le fait dans un nouveau contexte où tout est fait pour le rendre présentable, raisonnable. Bref, des cercles importants de la bourgeoisie, dans la droite ligne de ceux qui, en 1936, clamaient « Plutôt Hitler que le Front populaire », envisagent désormais l’extrême droite comme recours et barrage contre une alternative démocratique et progressiste. 

Tel est donc aujourd’hui le choix : se laisser glisser dans le schéma nauséeux qui affecte désormais tous les pays occidentaux, ou trouver les voies nouvelles pour une transformation sociale, démocratique et écologique de la société, en puisant dans l’histoire française du mouvement ouvrier et les aspirations des mobilisations actuelles. C’est dire l’importance de l’unité syndicale et la responsabilité des forces progressistes pour défricher dans l’unité ces chemins.

René Granmont

 
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