LE TRAVAILLEUR CATALAN

L’Archipel

Confirmée à la tête de la scène nationale après un épisode mouvementé, Jackie Surjus, forte de son projet et de ses soutiens, estimant avoir fait la preuve de ses compétences, s’attelle activement à la saison 24/25. Elle a accepté de répondre aux questions du T.C.

Quel est l’historique de votre parcours au sein de l’Archipel ?

J’étais directrice adjointe depuis la création en 2011, j’ai assuré un premier intérim d’un an quand Domenech Reixach est parti, puis nouvel intérim entre juin 22 et juin 23 avec le non-renouvellement de Borja Sitjà en novembre 21. La nomination d’une nouvelle directrice n’est intervenue qu’en juin dernier, un délai scandaleusement long.

Votre état d’esprit aujourd’hui ?

Il faut maintenant travailler à ressouder l’équipe. Vu les difficultés que nous avons vécues depuis 4 ans (contrôles et rapports du ministère, de la médecine du travail… Tous consultables en préfecture), j’ai reconstitué une équipe de direction de quatre personnes autour de moi : la directrice de communication, le directeur financier, celui des ressources humaines, administratives et la directrice technique.

Avec ce qu’on a traversé il y avait besoin de réflexion, comment fait-on pour la diversité ? L’inclusivité ? L’art offre une incroyable capacité à réunir les êtres, à ouvrir les gens les uns aux autres, d’où notre volonté d’un projet ouvert, fédérateur, collaboratif, en cultivant la bienveillance, l’hospitalité ; il faut donner du corps à tout ça.

Il n’y a pas de directrice ou directeur adjoint ?

Pas pour l’instant, nous sommes très impactés par l’inflation, avec l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires et celle des charges, j’ai choisi de ne pas recruter d’adjoint pour le moment. Pour information, la subvention de l’État qui n’était que de 360 000€ en 2011 atteint à peine aujourd’hui 600 000€, la ville représente 80 % de notre budget.

Diversité, inclusivité, ouverture, elles sont déjà dans la saison 23/24 ?

C’est ma saison d’intérim, mais il y a de ma patte. Le positif, c’est qu’après la Covid le public est revenu, mais peut-être différemment. La saison s’annonce bien, beaucoup de spectacles sont complets et pas que les plus connus. Il nous faut des spectacles en lien avec le monde d’aujourd’hui, ainsi le théâtre d’Ahmed Madani qui porte la parole des gens des quartiers avec des spectacles à visée universelle. Les deux sont complets.

Comment faire venir les gens au théâtre ?

L’idée, c’est de remettre le public au centre et en relation avec le geste artistique. Et ne jamais oublier que nous sommes un service public de la culture. Ainsi promouvoir des créations ancrées dans la vie, comme à ne pas rater de la troupe montpelliéraine de Nicolas Heredia qui favorise la mixité des publics. Et aussi programmer en danse Hofesh Shecter mondialement connue et Mehdi Kerkouche qui propose une autre grammaire de la danse. Là, on amène les jeunes sur un autre chemin… Cultiver l’équilibre et des vrais partenariats.

On aura aussi des temps forts autour du cirque, de la danse, des marionnettes.

La saison 24/25 est déjà en marche ?

Bien sûr, avec les mêmes orientations en plus amplifié. Ce sera l’Archipel nomade, il y aura du hors les murs, on va aller vers les gens. Les œuvres doivent avoir une plus longue durée de vie, donc mutualiser, faire plus de représentations en élargissant l’audience.

J’ai constitué un collectif d’artistes associés au sein duquel s’échangent les savoirs et les regards, ils sont associés au projet, aux spectacles, aux résidences. Il s’agit de Lucie Antunes, musicienne, du rappeur Walid Benselm, la metteure en scène Julie Deliquet, le metteur en scène David Gauchard, le chorégraphe Mehdi Kerkouche et la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani.

D’autres projets ?

J’envisage de réaménager le hall de l’Archipel, en faire un vrai lieu de convivialité, même si le partenariat public privé n’aide pas, nous ne sommes que locataires. Et aussi créer des lieux de débats et d’échange avec des historiens, des sociologues…

Maintenant, je peux construire.

Propos recueillis par Nicole Gaspon

 
Cet article est en lecture libre. Pour avoir accès à l'ensemble du site, merci de vous connecter ou vous inscrire

ARTICLES EN LIEN