LE TRAVAILLEUR CATALAN

©DR.

La résilience, ce mot jadis utilisé seulement en physique des matériaux pour la résistance aux chocs, s’emploie désormais dans le domaine moral. C’est une aptitude à faire face avec succès à une situation représentant un stress intense en raison de sa nocivité ou du risque qu’elle représente, ainsi qu’à se ressaisir, à s’adapter et à réussir à vivre et à se développer positivement en dépit de ces circonstances défavorables. Depuis quelques années ce mot est mis à toutes les sauces, les institutions internationales, le monde de la finance, du management, les économistes, les urbanistes, les climatologues, tous y recourent. Les politiques en raffolent. Emmanuel Macron ose, pour le cinquantième anniversaire de la mort du général de Gaulle, saluer « son esprit de résilience ». Le général donnait plus dans la résistance que dans la résilience. A Davos, le président français se déclare pour « un capitalisme résilient ». Manifestement, être résilient, c’est bien. C’est peut-être même le bien. Positivons ! Plutôt que de remettre en cause les conditions de sa souffrance, adaptons nous à cette condition. C’est une arme idéologique dans la fabrique du consentement dans une société de plus en plus inégalitaire. Autrement dit, l’objectif, pour reprendre les mots de la philosophe Barbara Stiegler, est un « modelage infraconscient de nos comportements ».

Heureusement de nombreux « mauvais esprits » refusent la soumission ou l’adaptation et préfèrent la résistance aux malheurs du monde. Des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles, en passant par Arboussols, Saint-Hippolyte, Elne ou Casteil, ce combat passe par la construction d’un nouveau contrat social et démocratique où chacun s’attacherait à recoudre les déchirures du pays, où s’exercerait la souveraineté populaire comme l’ont montré les communards il y a 150 ans.

Le vent mauvais d’une réaction brune souffle partout et donne l’impression déroutante de faire corps avec notre époque. Le 12 juin prochain à l’appel des dizaines d’organisations démocratiques et progressistes la marche des libertés rassemblera « les résistants » pour défendre et développer les libertés démocratiques pour assurer la paix humaine.

 
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