
J’ai entendu cette remarque plus de mille fois. De la part d’amis, de proches, ou d’inconnu.e.s, lors de rencontres au cours d’activités militantes. « Vous êtes tous nuls ! » aussi, « incapables de vous entendre et de vous rassembler » et « nous avons la gauche la plus bête du monde ».
Ces remarques, maintes fois entendues il n’y a pas si longtemps lors des municipales perpignanaises, sont lourdes et blessantes. Au delà de ça, elles n’en restent pas moins l’expression spontanée et souvent franche et honnête de citoyens de « gauche », militants ou pas, électeurs déçus, souvent éloignés des détails et des éléments qui nourrissent l’évolution de certaines postures politiques. Nous devons les entendre.
D’autres citoyens, beaucoup moins nombreux, expriment leurs colères, leurs méfiances répétées, leurs désaccords et leurs intransigeances politiques, accusant tel ou tel partenaire (adversaire ?) de décisions politiques inacceptables et indéfendables. Ils argumentent parfois. Il faudra aussi les entendre et débattre.
J’évoque là, vous l’aviez deviné, la proximité de nouvelles élections importantes, départementales et régionales (article page 7). Parlons simplement. Dans notre département et ailleurs, en France, les droites libérales ou autoritaires préparent des conquêtes et des reconquêtes. Ils ne s’en cachent pas et leurs longues dents apparaissent au grand jour, rayant le parquet. Pas simplement pour eux mêmes d’ailleurs, mais pour prendre des décisions. Ils ont besoin, de Macron au Rassemblement national, de Grau à Aliot, de ces leviers régionaux et départementaux pour pousser plus loin leurs politiques et leurs objectifs régressifs. Ils souhaitent une société de compétition, une société du chacun pour soi, une société éclatée où les services publics seraient réduits à leur plus simple expression (transports, santé, formation, éducation, logement, sécu, environnements…), une société de la culpabilité des individus, isolés et responsables de leur sort, de leurs souffrances ou de leur pauvreté, une société de la délation. Ça les arrange.
Sans nier les différences, sans mettre sous le tapis (ce qui serait une grande bêtise) les contradictions internes, les ressentiments justifiés, les histoires différenciées des partis, la gauche porte, dans le cœur des gens et dans le réel, des valeurs opposées. L’ensemble des citoyens a tout intérêt à s’y intéresser.