LE TRAVAILLEUR CATALAN

Marine Le Pen peut gagner le 24 avril prochain. Son arme secrète ? L’enfumage.

Depuis qu’un million de personnes ont manifesté entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2002, de l’eau a coulé sous les ponts, qui s’est épaissie d’alluvions brunes aujourd’hui aux portes du pouvoir.

L’arbre qui cache la forêt

Dans un premier temps, la fabrication financée avec l’appui du groupe Bolloré, du produit toxique Eric Zemmour, a lancé un leurre. Ce personnage a caricaturé à souhait tous les thèmes d’exclusion et de haine qui étaient auparavant la chasse gardée du FN puis du RN. La promotion de ce personnage, créant astucieusement une concurrence permettant de rassembler toute la nébuleuse de l’extrême droite, a permis la création du mouvement Reconquête qui a obtenu la réserve de voix suffisante pour permettre à Marine Le Pen de ne pas se retrouver seule dans son combat pour l’accession au pouvoir. Tous les mouvements de protestation se sont focalisés contre Éric Zemmour, produisant une énergie déviée. Marine Le Pen a pu présenter une image rassurante en déclarant que Zemmour était « entouré de nazis », pendant qu’elle pouvait naturellement représenter la France de l’apaisement tranquille et du changement souhaitable face à la politique antisociale brutale du président Macron, de plus en plus détestable et détesté, particulièrement dans les quartiers populaires. 

L’escroquerie politique et sociale

Dans un deuxième temps, Marine Le Pen, cette fois, au vu de l’expérience de la dernière élection, ne s’est pas fait piéger. Elle a su présenter une image de « femme d’État » sûre d’elle même et capable de passer au-dessus des nuages de la polémique, récupérant sans complexe tous les thèmes de la gauche alternative avec même en prime, l’illusion de trouver un arrangement pour la paix avec Vladimir Poutine. Elle ose tout. Pour exemple phare de sa musette des farces et attrapes, elle a engrangé la retraite à 60 ans à laquelle les Français rêvent de revenir. Il suffit de relever les termes exactes que le RN utilise pour développer son argumentation : « Je garantirai à chacun une retraite juste et digne à partir de 60 ans avec un système progressif de 40 à 42 annuités ». Et de poursuivre sans l’afficher dans les médias. « Le départ à la retraite dès 60 ans sera possible pour les personnes entrées dans le monde du travail tôt, entre 17 et 20 ans. Pour les actifs ayant débuté leur carrière avant leurs 25 ans, la retraite sera accessible entre 60 et 62 ans. En revanche, ceux qui ont commencé à travailler à 25 ans ou plus tard devront, comme c’est actuellement le cas, attendre l’âge d’annulation de la décote, soit 67 ans ». Tout le volet « social » de Marine Le Pen est construit comme cela, avec le chaud au-dessus du plat et le froid au-dessous. Il suffit qu’elle montre le chaud et le tour est joué. Sans compter que les mesures liberticides intégrées dans les lois par Macron n’attendent que « la Marine » pour être appliquées en grande pompe. Mayday, ce n’est pas une plaisanterie. 

Yvon Huet

 
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