Mémoire
L’idylle entre André Lacaze, prisonnier français en Allemagne et Gerda, la nièce de son employeur allemand, au-delà de leur séparation après la victoire sur l’Allemagne nazie.
Jeune instituteur de Charente-Inférieure, André Lacaze fut fait prisonnier en mai 1940. Envoyé dans la région de Berlin il fut détaché chez un électricien. Là dès mi-1942 il eut une liaison clandestine, qui aurait pu lui valoir la mort, avec Gerda, la nièce de son employeur, elle-même institutrice. La fin de la guerre les sépara, sans aucune certitude de pouvoir se revoir un jour. Dès son retour en France, André multiplia les démarches pour, tout d’abord avoir des nouvelles de Gerda, ensuite s’employer à la faire venir en France, avec tous les risques d’un refus de sa famille, et de celui des habitants proches, à voir réussir cet amour si décrié à l’époque.
Après une longue attente, toute une vie heureuse
Après le décès de ses parents, unis tout au long de leur vie, Bernard Lacaze a publié ce beau livre mémoriel, un superbe hymne à l’amour. La première partie de l’ouvrage nous livre le carnet du retour en France d’André, du 31mai 1945, jour où il quitte l’Allemagne, au 6 octobre 1945 alors qu’il a obtenu un poste à Saintes. Une période totalement sans nouvelles. Puis encore presque deux ans d’attente avant l’arrivée de Gerda. Pendant cette attente peu soutenable, 62 lettres d’amour. Certaines de ces lettres furent transmises par Olga Gronner, alors militaire française en Allemagne, après avoir réchappé à l’holocauste. Chez nous, en Catalogne, nous avons connu Olga, militante communiste et amie, sous le nom de Goldie Clabecq.
Au-delà d’une belle histoire d’amour, ce livre témoigne de la capacité de passer par-delà et faire taire les interdits et les préjugés qui ne manquaient pas de se produire, dans l’immédiat après-guerre, et né d’elle, cet amour indestructible entre un Français et une Allemande. Amour dont la vie d’André et de Gerda sut montrer toute la solidité.
Y.L.
André Lacaze. Lettres à Gerda.
Septembre 1945-novembre 1946. Précédé de Carnet du retour en France (1945). Graveurs de Mémoire, L’Harmattan 2022. 192 p. 20 €. Avant-propos de Bernard Lacaze.