LE TRAVAILLEUR CATALAN

Dans les mémoires de celles et ceux qui les ont vécues, s’installe comme une nostalgie pour les années soixante ou soixante-dix, où une certaine joie de vivre se donnait libre cours, où une liberté des mœurs ouvrait les cœurs et les esprits pour affronter un monde certes compliqué, mais que l’on se sentait en mesure de domestiquer. On pouvait rêver d’un monde rock and roll, même si l’on se doutait qu’il y aurait loin de la coupe aux lèvres. Les luttes politiques et syndicales étaient âpres, mais elles ne suscitaient pas la désespérance.

La gueule

Le monde d’aujourd’hui, au contraire, fait la gueule, comme s’il n’y avait pas grand-chose à attendre d’un XXIe siècle bouché : des emplois en berne, un pouvoir d’achat riquiqui, un climat qui dégénère, une pollution que l’on est incapable de maîtriser, des gouvernants qui se moquent de nous, un ascenseur social en panne, un racisme et une xénophobie en expansion.

La preuve par les punaises ! Les médias, la presse, les lits et les esprits sont envahis par des bébêtes que l’on croyait disparues depuis des décennies, depuis que nous avions le sentiment d’avoir fait sur le terrain de l’hygiène des progrès tels qu’ils étaient définitifs. Eh bien non ! Les punaises n’ont pas été éradiquées, elles ont trompé notre vigilance, elles ont sans doute profité d’un rebond de la misère, du mal logement, pour revenir en force et nous faire prendre conscience de notre vulnérabilité.

Les punaises et la droite

La preuve des punaises est d’autant plus probante que la nouvelle de leur réapparition aussitôt répandue, ne voilà-t-il pas que de la droite à l’extrême droite, en passant par la télé Bolloré, une rumeur nauséabonde prend son envol. Elles viennent de chez les immigrés, les étrangers, ceux qui traversent la Méditerranée pour profiter de notre bien-être. Mais ils ne savent pas bien tenir leur maison, quand ils en ont une, alors les punaises en profitent.

Assimiler une part de l’humain à des parasites est un signe très très fort que notre monde va mal.

Aux portes des urgences

D’autant que dans le même temps des images fortes, enregistrées par la CGT aux portes du service des urgences de l’hôpital de Perpignan, par une belle après-midi ensoleillée de septembre, nous montre une kyrielle de brancards chargés de malades, de blessés en souffrance, en ringuette en train d’attendre leur tour, comme si le mot urgence n’avait plus le sens d’un besoin d’intervention rapide, indispensable qui peut sauver. Un résumé de notre temps incapable de soigner. Misère du service public ! Misère programmée, dénoncée, mais sans réponse gouvernementale. Il y faut la présence syndicale pour dénoncer l’inadmissible.

La lotta continua

Cette présence est un garde-fou pour éviter les pires dérives et nous plonger dans le burn-out de la sinistrose. Cette présence est utile à une société qui doute et le peuple dans sa masse y est profondément attaché, voir les mois de luttes contre la réforme rétrograde des retraites. Et donc contre la déprime des temps actuels, « la lotta continua ». Même si elle est difficile.

Même si elle est contrariée

La lutte syndicale, politique, suppose de se rassembler, et Dieu (ou Marx) sait que ce n’est jamais facile, qu’il y faut de l’intelligence, de la mesure, de l’écoute pour avancer ensemble, que les perfidies, les injures, les mensonges, les égoïsmes peuvent être destructeurs. Dans cette démarche de rassemblement, des personnalités se révèlent pour ce qu’elles sont, ou avec leur humanité en bandoulière et le souci d’une victoire partagée, ou bien avec l’ambition d’écraser les partenaires, comme dans une manœuvre incompréhensible et suicidaire.

Ainsi Madame Chikirou, insoumise, et tout et tout, s’arroge, dans le cadre sans doute d’une carrière politique tortueuse et hors du commun, le droit de baver, semble-t-il avec l’assentiment de ses petits copains, sur Fabien Roussel, comparé à un Doriot de sinistre mémoire. Le propre (si l’on peut dire ?) des parasites est de pourrir la vie inutilement.

Mais contre les punaises de la sinistrose : LA LOTTA CONTINUA, BELLA  CIAO.

Jean-Marie Philibert

 
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