On pensait avoir tout vu en matière de rejet des réfugiés (dont l’externalisation des demandes d’asile vers des pays de transit tels la Turquie et la Lybie). Le nouvel accord signé entre le Royaume-Uni et le Rwanda atteint le sommet de l’ignominie.
Tout demandeur d’asile au Royaume uni (RU) sera envoyé au Rwanda. « Une approche innovante rendue possible par le Brexit » se glorifie Boris Johnson. Priti Patel, ministre de l’Intérieur, justifie cet accord par les « investissements substantiels dans le développement économique du Rwanda » depuis son entrée dans le Commonwealth en 2009. Donnant, donnant. Le Rwanda percevant quelques 144 millions d’euros pour « accueillir » ces dizaines de milliers de réfugiés indésirables au RU, son ministre des Affaires étrangères se dit content de collaborer. Pour le Haut-commissariat des réfugiés de l’ONU, ce transfert des demandeurs d’asile à un pays tiers viole la convention des droits de l’homme et les obligations internationales d’accueil des réfugiés qui stipule que toute personne qui accède à un pays doit pouvoir y déposer une demande d’asile qui sera traitée. Human Rights Watch* condamne encore plus violemment cet accord. Il rappelle que le Rwanda est connu pour ses détentions arbitraires, ses tortures, ses meurtres des dissidents au régime. Qu’importe visiblement pour le gouvernement britannique. Ce qui n’est pas connu pour l’heure c’est si les demandeurs d’asile ukrainiens au RU seront transférés au Rwanda. Comme en France, deux poids, deux mesures ?
A.-M. D.
*Human Rights Watch (HRW) est une organisation non gouvernementale internationale (ONGI) qui se donne pour mission de défendre les droits de l’homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme1.