LE TRAVAILLEUR CATALAN

Dès la semaine dernière, le TC alertait sur la menace d’expulsion qui pesait sur une jeune infirmière arménienne (dernière minute p.3). Nous y revenons plus en détail cette semaine.

L’acharnement administratif à l’encontre de Liana, une jeune Arménienne âgée aujourd’hui de 32 ans, en France depuis six ans, est incompréhensible. Victime de persécutions politiques et physiques dans son pays depuis plusieurs années, elle est venue chercher protection en France en 2016. Sa demande d’asile lui a été refusée par deux fois. Dès le début du Covid, cette infirmière en réanimation dans son pays a cherché à être bénévole à l’hôpital, dans les cliniques privées, dans les EHPAD. Refus partout. Elle s’est donc dévoué corps et âme à la fabrication de masques au sein de l’association des « Arméniens des deux catalognes ». Association qui a reçu entre autres les félicitations de la mairie d’alors pour son civisme. Sauf qu’administrativement parlant, Liana est toujours en situation irrégulière, sous obligation de quitter le territoire (OQTF) et astreinte à se rendre à la police aux frontières chaque semaine. Le 10 février, lors de ce contrôle, elle est arrêtée, envoyée au centre de rétention de Toulouse avant son embarquement pour l’Arménie. Sauf que son OQTF était périmée et que le procureur a ordonné sa libération. Le 7 avril, rebelote. Elle est placée en rétention à Toulouse. Là c’est le Juge des libertés qui ordonnera sa libération pour vice de forme. 

Toujours plus de renvois

Les associations de défense des étrangers, Cimade, Asti, RESF et MRAP,  comprennent d’autant moins cet acharnement que le préfet leur a affirmé récemment qu’il tiendrait compte de l’engagement civique des étrangers dans la crise du Covid. De plus, Liana est une infirmière diplômée dans son pays, qui dès qu’elle sera régularisée pourra faire valoir son équivalence de diplôme. « Elle remplit tous les critères pour obtenir un titre de séjour » atteste Jacques Ollion (Cimade).Ces associations dénoncent par ailleurs la multiplication d’expulsions de familles installées en France depuis plusieurs années, qui plus est dans des conditions inadmissibles. Un couple avec enfants où le mari Marocain, la femme Libanaise sont menacés de renvoi chacun dans son pays. Un autre où le mari est renvoyé alors que sa femme, enceinte, reste en France. Une dame greffée du rein et sous médicament à vie a reçu une obligation à quitter le territoire alors qu’elle est en France depuis 9 ans et que son médicament n’existe pas en Arménie. Liste non-exhaustive. « Les errements administratifs doivent cesser » conclut Gabriel Llesta (Asti). « Nous en appelons au regard du préfet ».

Anne-Marie Delcamp

 
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