Mouvement social

Depuis le début de l’année, l’action commune scellée par les syndicats contre la politique antisociale du pouvoir, n’a pas fini de surprendre. 

Le Journal le Monde ne s’y est pas trompé quand il a pris au sérieux, le 11 janvier 2023, l’engagement de quasiment toutes les organisations syndicales qui, après l’essoufflement des mobilisations contre les réformes des retraites de 2003 et 2010, ont enfin décidé de rassembler leurs forces. Le monde du travail a retrouvé ainsi les repères, à la fois de son histoire et de ses aspirations.

Toutes et tous ensemble, vraiment

Le retour de la CFDT dans la mobilisation du syndicalisme de lutte a complètement changé la donne, permettant l’élargissement d’une protestation structurée et incontournable. Cela prouve que le Président et son équipe ont cassé le pacte social, y compris avec ceux qui avaient l’habitude d’accepter l’aménagement au mieux de l’existant. Chacun vient donc tel qu’il est, avec son indépendance d’analyse et de décision qui permet un débat riche qui va bien au-delà de la question des retraites, qu’il soit « petit » ou « grand » syndicat. L’intersyndicale n’exclut pas la diversité des formes de la revendication protestataire quel qu’en soit le thème, mais elle empêche, par son impact, les manœuvres de division.

Depuis l’expérience de mai 1968, avec ses avancées et ses limites historiques, ce sont toujours les syndicats dits « révolutionnaires » et « réformistes » unis sur une cause claire qui ont permis de faire bouger les lignes face aux prétentions des classes dominantes prédatrices. Dans ce contexte de bras de fer, l’intersyndicale se réinvite, avec un renforcement de la représentation féminine, comme une des forces les plus utiles et les plus rassembleuses qui puissent donner à l’alternative à gauche un contenu concret de perspectives à ne plus jamais décevoir, en regard des prétentions d’une extrême droite, avec ses ailes de faucon déguisée en Marianne.

Yvon Huet