LE TRAVAILLEUR CATALAN

Edito de René Granmont – n°3970

Décidément, le président de la République aura tout tenté pour imposer la retraite à 64 ans. Après les subterfuges parlementaires, voici le temps de la répression policière. Depuis le 49.3, c’est une avalanche de violences qui s’est abattue sur les mobilisations : syndicalistes matraqués, traînés devant les tribunaux, jeunes gardés à vue pour aucune raison, violence intolérable de la Brav-M (ce relent des voltigeurs de Pasqua, responsables de la mort de Malik Oussekine en 1986). On a vu des élus du peuple molestés, interdits de manifestation, des journalistes empêchés de faire leur travail ! Comment Emmanuel Macron et ses ministres peuvent-ils encore se réclamer d’un État de droit ? Comment se nomme une société où la police peut sortir en toute impunité du cadre légal ? Vers quel régime le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin veut-il faire sombrer le pays ?

Plutôt que de prendre en compte la profonde colère qui traverse le pays, le gouvernement invente un soi-disant péril démocratique venu d’une fantasmagorique coalition d’anarchistes, d’ultragauche et des partis de la Nupes. Comment, comme l’a fait Emmanuel Macron, oser comparer les millions de manifestants qui clament calmement leur refus de sa contre-réforme des retraites avec les hordes trumpistes ou les fachos de Bolsonaro ? Pourquoi tester aujourd’hui la stratégie du chaos pour imposer une loi scélérate ? A moins de vouloir préparer le terrain à des mesures autoritaires violant délibérément la République. 

Cette façon de brouiller tous les repères politiques fait le jeu de l’extrême droite qui n’en demandait pas tant. Il paraît qu’en privé Macron s’inquiète de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, mais dans les faits que prépare-t-il d’autre ?

Aujourd’hui la majorité de nos concitoyens refusent les choix du pouvoir au service unique du capital. Dans ce moment exceptionnel de politisation, la question de l’alternative politique doit être posée. Pas un changement cosmétique où la communication mensongère tient lieu de mutation, pas une alternance où une force se prétendant de gauche se met au service de la minorité des possédants. Mais une réelle alternative sociale, démocratique, écologiste qu’il s’agit d’inventer avec tous ceux qui y aspirent. Cela implique de sortir de la monarchie institutionnelle et de la servitude dans l’entreprise. Elle ne doit pas seulement porter sur un « nouveau partage des richesses » mais doit permettre aux travailleurs de décider de la nature des richesses à produire, des conditions de production en fonction de leur bien-être et des nécessités environnementales

Un tel projet appelle l’animation d’un intense débat politique sur la nature du système qui provoque tant d’injustice et de malheurs et sur les moyens de le dépasser. La campagne pour obtenir un Référendum d’Initiative Partagée ne pourrait-elle pas en constituer un moment crucial ?

 
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