
Portrait d’artiste. Lisa Yang, violoniste évoluant dans la sphère musicale du département, révèle son parcours.
D’où proviennent ces sons cristallins qui s’élèvent ? On tend l’oreille à la recherche de l’instrument duquel émanent ces sonorités. Il s’agit d’un violon manipulé avec dextérité et grâce, au milieu d’une grande salle d’exposition, venant apporter plus de profondeur aux œuvres picturales ou photographiques accrochées çà et là. La violoniste se nomme Yang Yang, mais se fait appeler Lisa Yang. D’elle se dégage une délicatesse appliquée et captivante, laissant deviner qu’elle donne le meilleur d’elle-même face à la foule attentive.
La musique comme affirmation de soi
Les violonistes ne sont pas légion dans le département des Pyrénées-Orientales. Lisa Yang est née au nord-ouest de la Chine. Elle nous raconte que sa mère rêvait enfant de pouvoir jouer d’un instrument, mais que sa famille n’en avait pas les moyens. Par extension, la petite Lisa Yang commence son apprentissage musical dès l’âge de huit ans. L’apprentissage est long et laborieux, après des mois de formation, durant lesquelles la main est douloureuse et le cou est endolori, elle parvient à trouver du confort et de la justesse avec son instrument. La fierté de ses parents l’encourage à se dépasser.
La jeune Lisa Yang était une petite fille extravertie dans le cercle familial, mais l’éducation empreinte de traditions faisait qu’elle était très réservée dès qu’elle sortait de son cocon. Petit à petit, elle gagne en confiance, le violon l’aide à s’affirmer. Vers 11 ans, elle perçoit une nette évolution et participe à de nombreux concours qu’elle remporte. Cependant le violon reste un loisir parallèle à ses études.
Direction le sud de la France
Elle part en direction de la France, pour étudier la philosophie à l’université de Perpignan. Lisa Yang veut devenir enseignante de Français en Chine. Découvrir de nouveaux horizons et une nouvelle vie, renouvelle son désir de reprendre son violon qu’elle avait délaissé. Ce désir devient impérieux : « J’ai eu un déclic. Je me suis inscrite au conservatoire de Perpignan avec l’objectif de retrouver le niveau que j’avais atteint à 17 ans. » La chance lui sourit un jour, où, invitée à un anniversaire, elle joue quelques morceaux. Ce soir-là, il y avait d’autres musiciens du département et des collaborations avec des artistes débutent.
Des perspectives et des objectifs
Lisa Yang est très perfectionniste, c’est peut-être le seul frein dans ses perspectives de musicienne. Du moins, pour l’instant, car comme le dit un proverbe chinois : « Avec le temps et la patience, la feuille du mûrier devient de la soie ». C’est avec beaucoup de sensibilité qu’elle perçoit la création artistique. « C’est l’expression de soi-même, un miroir de ce que nous sommes, que nous livrons aux gens ». Actuellement, Lisa Yang trouve son confort dans des reprises qu’elle se réapproprie parfois.
Elle repense à son dernier projet, la reprise du morceau I’m a survivor, pour lequel elle a tourné un clip, réalisé par Frédéric Ferra création, (disponible sur Youtube). « Cette musique avait du sens pour moi. Elle met en lumière tous les obstacles que j’ai pu surmonter pour être ce que je suis aujourd’hui. »
A ce jour, elle donne des cours de violon et de chinois, ce qui lui permet de vivre sans faire de concerts. Ce sont des expériences enrichissantes qui lui font gagner en maturité. Le chemin reste à faire, l’avenir ne se maîtrise pas, mais elle se donne les moyens de voir plus loin. « L’art nous permet de dépasser toutes les règles et les conventions. Désormais comme beaucoup de femmes dans le monde, je dois m’affirmer pour me sentir totalement libre ».