Jénine
Au moins 190 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’année. L’opération de ces derniers jours à Jénine a fait 12 morts. Les Palestiniens se sentent abandonnés par la communauté internationale et leurs dirigeants politiques.
L’armée israélienne a décrété la fin d’une opération militaire à grande échelle en Cisjordanie occupée. Pendant quarante-huit heures, le camp de réfugiés de Jénine et ses 18 000 habitants ont été la cible d’attaques terrestres et aériennes. On n’avait pas vu ça depuis vingt ans, au moment de la seconde Intifada.
Alors que les drones bombardaient sans relâche, les soldats pénétraient dans les maisons, détruisant les cloisons pour progresser et installer des snipers. Les routes menant au camp de réfugiés étaient bloquées, entravant l’accès des ambulances. Un camp dont la majeure partie est restée sans électricité ni eau pendant deux jours. Plus de 500 familles, soit plus de 3 500 personnes, ont dû fuir.
Selon le ministère palestinien de la Santé, douze Palestiniens, dont cinq enfants, ont été tués, 143 blessés dont 20 seraient dans un état critique. Mercredi 5 juillet, des dizaines de milliers de Palestiniens, de la ville de Jénine et du camp éponyme, ont participé aux funérailles de ceux abattus par l’armée israélienne.
Pourquoi cet acharnement israélien contre Jénine ?
Depuis mars 2022, les raids israéliens se sont intensifiés contre Jénine et surtout son camp de réfugiés considéré comme un « nid de terroristes », mais symbole de la résistance palestinienne. Yasser Arafat parlait de Jeningrad. Ce sont les descendants de Palestiniens dépossédés de leurs terres lorsque Israël a été créé en 1948. La plupart sont pauvres et sans emploi. « Le refus de l’occupation et de l’injustice est une culture pour les jeunes », insiste Jamal Hweil, combattant fait prisonnier en 2002, aujourd’hui enseignant à l’université arabo-américaine de Jénine.
Pour Netanyahou et son gouvernement composé de colons, de membres de l’extrême droite et de religieux, il convient d’éradiquer toute opposition à l’occupation et vite. Ce glissement dans l’une des pires violences de l’occupant depuis l’Intifada des Palestiniens de 2000-2005 survient au milieu d’une absence prolongée de pourparlers de paix envisageant un État palestinien, une direction politique palestinienne de plus en plus faible et une expansion régulière des colonies juives sur les terres occupées sous le gouvernement nationaliste le plus dur d’Israël.
Roger Rio