LE TRAVAILLEUR CATALAN

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Le salaire est un compromis social, résultat d’un rapport de forces.

Point de vue. Contribution de Nicole et Jean-Michel Galano, concernant les articles traitants du salaire à vie.

La dissociation du grade et de l’emploi est un des principes fondateurs de la fonction publique moderne. Le fonctionnaire cesse d’être un simple sujet (un agent susceptible d’être déplacé), pour être reconnu en sa qualité de citoyen, avec une ancienneté, des droits (y compris de réserve et de retrait). Cette disposition est-elle susceptible d’être universalisée ? Est-ce souhaitable ? Est-elle le bon moyen pour dépasser le marché du travail ?
Il faut d’abord remarquer qu’elle a un sens dans la cadre de la fonction publique parce que l’État est l’employeur. La proposition d’un salaire à vie suppose donc soit l’étatisation complète de l’économie, soit la prise en charge du salaire par l’État. Ce qui n’est pas très différent.
Dans la Critique du programme de Gotha, Marx objectait déjà aux dirigeants sociaux-démocrates que l’on ne doit pas considérer l’être humain comme un simple producteur de richesses, qu’il n’y a pas une chose telle que le Travail avec un grand T, « source unique de toute richesse ». Il y a des tas de richesses, à commencer par l’air qu’on respire, qui ne sont pas des produits du travail. Il y a des tas de « travaux » domestiques ou privés qui n’ont pas vocation à être des marchandises et qui, quelle qu’en soit la valeur sentimentale, l’ingéniosité technique qui s’y exprime voire la valeur esthétique, ne sont pas des valeurs économiques. Le garagiste qui répare la voiture d’un client fournit un travail. Les mêmes opérations sur sa propre voiture, faites à son domicile, ne sont pas un travail. Pas au sens social du terme : cet homme alors s’économise le coût d’une réparation : il ne fournit rien du tout. Le temps que je consacre à éduquer les enfants des autres est un travail. Le temps que je consacre à mon propre enfant n’en est pas un. Le travail est un rapport social, et le salaire est l’expression de ce rapport. Le salaire est un compromis social, résultat d’un rapport de forces.

Un projet qui déresponsabilise les entreprises

Les mots ont un sens : parler de « mutualisation », c’est donner à penser une harmonie sociale inexistante. C’est de « cotisations » qu’il faut parler. Et l’on sait que la part respective des cotisations patronales et des cotisations salariales est l’enjeu d’un rapport de forces.
D’autre part, les richesses sociales se créent dans les entreprises, encadrées par des conventions collectives négociées branche par branche. Ce qui pèse sur la qualité de cette production et donc sur la valeur très imparfaitement reflétée dans le salaire, ce sont aussi les frais bancaires et autres aspects des prélèvements qui constituent le « cancer financier ». Ce n’est pas à l’État de pallier l’irresponsabilité financière des entreprises en entérinant des critères de gestion qui ne prennent en compte que très marginalement, voire pas du tout, l’environnement, la santé des salariés, la formation, la recherche, la durabilité…
Qu’il faille sortir les jeunes de la précarité notamment en faisant bénéficier du RSA les moins de 25 ans, c’est une mesure d’urgence pour laquelle les communistes sont mobilisés. Mesure d’autant plus urgente qu’une crise sociale est en passe de s’ajouter à la crise sanitaire.
Mais il ne faut pas se voiler la face : ce n’est pas par des mesures de redistribution, aussi urgentes soient-elles, ni par des mesures étatistes, ni par la conscription avancée par certains, qu’on réglera le problème du chômage des jeunes ni des autres. C’est par une véritable politique de l’emploi utile et de redéveloppement de notre économie réelle, et en premier lieu de notre industrie.

 
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