
Covid-19. Un rapport corrosif de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers accable le Ministère de la santé, les ARS et le Samu pour leur gestion durant la crise sanitaire.
Ce rapport adressé au Ministère de l’Intérieur en avril qui a fuité dans la presse début juillet, dénonce la gestion comptable et financière du système de santé par le ministère de la santé.
Le rôle des Agences Régionales de la Santé (ARS) est principalement ciblé. Elles ne sont pas préparées à la gestion de situations d’urgence.
Elles ont donné la priorité à la communication de crise (gestion du nombre de places en réanimation, remontées statistiques). Le rapport dénonce « les pures opérations de communication » lors de l’évacuation de patients en TGV ou en hélicoptère.
La CGT SDIS remarque : « On a monté un hôpital de campagne de 30 lits. Si c’était une si bonne chose, pourquoi avoir autant attendu pour le faire ? Alors que des hôpitaux ont été fermés ces dernières années et qu’à Paris, à l’Hôtel-Dieu, il manquait seulement quelques bouteilles d’oxygène ».
Le rapport affirme que « Des instructions ont été données aux ARS et aux directeurs d’hôpitaux de mettre un terme à toutes communications avec les préfets, privant ces derniers des informations nécessaires à la coordination des opérations. » Ce qui a eu pour conséquences l’oubli des EHPAD où l’épidémie a fait de nombreuses victimes.
Un pompier témoigne : « Au début, nous avons eu beaucoup d’interventions en Ehpad. Mais après, ça s’est calmé. Peut-être que le Samu régulait différemment. Je suis intimement persuadé qu’il y a eu un tri de fait. » L’accès de patients très âgés à l’hôpital, faute de places suffisantes, a pu être restreint au bénéfice de malades plus jeunes. Situation que de nombreux médecins ont dénoncée.
Le document dénonce également la saturation du 15, régulé par le SAMU, avec des temps d’attente avoisinant les quarante minutes dans certaines régions. Certains patients non-covid en situation d’urgence vitale n’ont pas eu de réponse et sont décédés dans l’indifférence générale.

Pour ne pas revivre de telles situations, une coordination entre les services publics semble nécessaire.
Sébastien Delavoux, pompier du SDIS-CGT explique : « Les services publics doivent travailler ensemble pour éviter que de tels problèmes se reproduisent. Pompiers, médecins, ambulanciers…nous coopérons sans souci sur le terrain. Les problèmes viennent peut-être du fait, justement, qu’on n’écoute pas assez les gens de terrain. »
Dans son billet d’humeur quotidien, le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), le Docteur Christophe Prudhomme écrit : « L’association SAMU-Urgences de France qui représente les directeurs de SAMU a exercé un lobbying effréné lors de la rédaction de la loi « Ma santé 2022 » pour exclure les pompiers de la future organisation des secours d’urgences, en voulant concentrer l’ensemble des appels sur le centre 15 ». « L’AMUF revendique aujourd’hui des centres d’appel départementaux 15 et 18 interconnectés qui travaillent sur le terrain avec la médecine de ville pour assurer une réponse aux urgences en proximité 24 h sur 24. ».
Où en est-on des promesses tenues par Emmanuel Macron, en 2017, qui disait vouloir créer une plateforme commune afin de simplifier la coordination entre les différents services ? La fermeture programmée d’hôpitaux, de lits d’hôpitaux et de centres du SAMU démontre que ce gouvernement se moque éperdument du devenir des pompiers, des soignants et de la santé de ces concitoyen(ne)s.
Joëlle Allemand